Le temps sec et chaud de l'été dernier a fait le bonheur des vignerons québécois. Au point que plusieurs d'entre eux affirment que la cuvée 2012 est la meilleure de l'histoire du Québec. Et une dégustation en fin de vinification semble leur donner raison.

C'était une année de rêve», résume Véronique Hupin, du domaine Les Pervenches, à Farnham.

La vigneronne rappelle que les conditions météorologiques ont été parfaites: les températures hivernales ont été douces, il y a eu peu de gels au printemps, puis l'été a été chaud et sec.

Gaëlle Dubé, agronome spécialisée dans la vigne, conseille plusieurs vignobles des régions de Québec et de l'Outaouais. Elle explique que ce climat exceptionnel a permis de réduire les maladies dans les vignes et a entraîné moins de pertes pendant la récolte.

«Les conditions étaient gagnantes pour avoir une bonne récolte, ajoute Mme Dubé. La plupart des vignobles ont eu des rendements supérieurs aux années passées.»

C'est d'ailleurs le cas au domaine Les Pervenches, où Véronique Hupin a vinifié 1000 litres de chardonnay supplémentaires - 30% de plus - par rapport aux années précédentes.

«Sans contredit, 2012 est le plus beau millésime du Québec», confirme-t-elle.

Charles-Henri de Coussergues cultive la vigne dans la province depuis plus de 30 ans. Il classe également 2012 parmi les années exceptionnelles, aux côtés de 1991, 2001 et 2005.

L'un des principaux défis des vignerons québécois est d'amener les raisins à pleine maturité avant le froid de l'automne, afin que leurs raisins soient plus sucrés et que leurs arômes soient davantage développés. Ce combat a été beaucoup plus facile à gagner en 2012.

C'est ce qu'a constaté Yvan Quirion, du Domaine St-Jacques. Le vigneron calcule tous les ans les degrés-jours correspondant à son vignoble. Cette donnée permet d'évaluer la chaleur reçue pendant la période de croissance des vignes, soit du 1er avril au 31 octobre. Selon lui, il a accumulé 1571 degrés-jours l'été dernier, soit un gain significatif par rapport aux 1441 degrés-jours accumulés en 2011.

Les «primeurs» du Québec

Avec de telles conditions climatiques, la qualité des vins ne pouvait qu'être supérieure. Avec mon collègue Jacques Benoît, nous nous sommes rendus dans différents vignobles pour déguster les vins 2012 en «primeur», donc avant la fin des vinifications, comme c'est la coutume à Bordeaux.

Pour cela, les domaines Les Brome, Les Pervenches, St-Jacques et de l'Orpailleur nous ont servi un total de 33 vins. Et nous n'avons pas été déçus.

En général, les blancs sont équilibrés: fruits mûrs et fraîcheur sont au rendez-vous. Les textures sont beaucoup plus soyeuses qu'à l'habitude. Quant aux rouges, les odeurs plus végétales semblent moins présentes que dans les années précédentes, signe que les raisins ont été vendangés plus mûrs. Mais attention, tous les rouges ne sont pas réussis.

Les coups de coeur

Domaine Les Brome, Vidal 2012, Code SAQ: 1522540, 18,30$

Offert en juillet à la SAQ

Un blanc frais, aux notes de poires, de pêches, de fruits tropicaux et de fleurs blanches. La bouche est croquante, rafraîchissante et équilibrée. Parfait pour l'apéro et les plats de poisson.

Les Pervenches, Solinou 2012, 18$

Mis en vente ce week-end au vignoble

Cet assemblage de seyval et de chardonnay est très bien fait. On y trouve des notes de pêches, de cire d'abeille et de poires. Les fruits sont mûrs. C'est long et c'est droit.

De plus, le chardonnay Clos du feu sera mis en vente à l'automne. Hâtez-vous de le réserver, car il est d'une étonnante complexité. Il est parfumé, sa texture en bouche est veloutée et il est très long. C'est un grand vin!

Domaine St-Jacques, Sélection de St-Jacques 2012, Code SAQ: 11506306, 17,95$

Offert cet automne à la SAQ

Épicé, assez corsé et rempli de fruits noirs, ce rouge à base de maréchal foch, de lucy kuhlmann et de baco noir est délicieux. Passez-le en carafe quelques minutes pour maximiser le plaisir.

L'Orpailleur, cuvée Classique 2012, Code SAQ: 704221, 15,75$

En vente

Ce blanc est vif à l'attaque. On goûte le citron, le pamplemousse rose, la pêche et l'abricot. La finale est grasse et ronde. Ce blanc du Québec ressemble beaucoup à ceux à base d'albariño provenant d'Espagne. À 15$, c'est une aubaine!