Les incertitudes scientifiques et l'opposition sociale partout en province sont deux raisons qui devraient empêcher la création de mines d'uranium au Québec.

C'est la principale conclusion du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), dont le rapport sur le développement de la filière uranifère a été rendu public aujourd'hui.

Le rapport de plus de 600 pages cite «un rejet quasi unanime» des projets de mines d'uranium, ainsi que les «incertitudes, les lacunes et les limitations parfois importantes dans la connaissance scientifique». 

«Ces réalités, que le présent rapport a détaillées tout au long des différents chapitres, amènent la commission d'enquête à conclure qu'il serait prématuré d'autoriser le développement de la filière uranifère au Québec», affirme l'organisme.

Les audiences sur la filière uranifère se sont déroulées un peu partout au Québec. Elles étaient présidées par l'ancien journaliste Louis-Gilles Francoeur.

Le BAPE met cependant en garde le gouvernement contre la réaction de l'industrie.

«Le gouvernement pourrait décider de suspendre temporairement ou de façon permanente l'exploitation de l'uranium sur son territoire. Cependant, les effets juridiques et économiques d'une telle décision lui commandent d'éviter toute précipitation dans ce dossier afin de réduire au minimum les coûts d'une telle stratégie.»

L'entreprise Strateco, qui a un projet de mine d'uranium à 275 km au nord de Chibougamau, s'est placée récemment sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. 

Strateco poursuit le gouvernement du Québec pour 190 millions, à la suite du moratoire sur la filière décrété par le gouvernement Marois et du déclenchement des audiences du BAPE sur le sujet.

Dans un communiqué, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, David Heurtel ne s'engage pas à prolonger le moratoire.

«Le gouvernement prendra le temps nécessaire pour réaliser une analyse sérieuse et rigoureuse de l'ensemble des conclusions du BAPE, a-t-il déclaré. Nous constatons que le développement de projets d'exploration et d'exploitation d'uranium suscite des inquiétudes et nous nous engageons à prendre des décisions éclairées qui tiennent compte des répercussions que ce type d'activité peut avoir sur l'environnement, l'économie et le milieu social des communautés locales et autochtones.»