Gare aux voyageurs! Les punaises de lit sont partout. Détectés dans des restaurants d'Honolulu, dans des hôtels de Tokyo ou des cinémas de New York, ces affreux insectes suceurs de sang ne sont pas une raison de gâcher ses vacances. En prenant quelques précautions, on évite le stress d'en traîner dans ses bagages et, pire, d'en rapporter à la maison.

Depuis deux ans, les punaises de lit ternissent l'image de New York: l'Empire State Building et des théâtres de Broadway ont dû engager des destructeurs de nuisibles (exterminateurs) tandis que des clients de l'hôtel Waldorf Astoria, où les chambres coûtent entre 250$ et 8500$ la nuit, se sont fait piquer durant leur sommeil. À cause de l'infestation dans des hôtels et lieux fréquentés par les touristes, la ville est devenue la bête noire des médias. Pourtant, l'épidémie ne touche pas seulement New York, affirme l'entomologiste Harold Leavey.

«On a été un peu injuste avec New York. À Vegas, la situation n'est pas drôle non plus. Il y a des punaises à Toronto, à Paris, à Vancouver, à Londres. C'est un problème mondial», dit-il. À Québec, le problème est grandissant, mais la situation est tout de même pire à Montréal.

En 1995, les entreprises Maheu faisaient une intervention par année concernant les punaises de lit dans la métropole. Aujourd'hui, elles en réalisent jusqu'à 150 par jour.

Selon M. Leavey, Montréal a déjà connu des épisodes de punaises de lit lorsque la ville a été l'hôte de grands événements, mais les insectes ont pu être maîtrisés rapidement après le départ des touristes. «Au Québec, les gens voyageaient peu. C'était une question culturelle, peut-être religieuse. Étant donné qu'on ne voyageait pas, on ne rapportait pas de punaises de lit. Elles sont apparues lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, puis lors de l'Exposition universelle (1967) et des Jeux olympiques (1976). Après la tenue de ces événements, on réglait le problème en deux ou trois ans», raconte-t-il.

Au milieu des années 90, les résidants des pays de l'Europe de l'Est et de la Chine, des régions infestées par les punaises, se sont mis à voyager davantage, tout comme les Québécois. En plus de ses bons côtés, la mondialisation a amené son lot d'inconvénients comme celui de permettre aux punaises de se déplacer partout sur la planète.

Les personnes qui voyagent fréquemment l'ont appris à leurs dépens. Les voyageurs assidus ramènent des punaises dans un voyage sur cinq, voire un voyage sur quatre, rapporte M. Leavey. Mais pour éviter de devoir faire appel à une entreprise de désinfection dès le retour à la maison, le spécialiste en gestion parasitaire possède quelques trucs.

1 Pour les voyageurs fréquents, il existe un «sac de chaleur».

De retour à la maison, on place sa valise dans cette grande housse, on monte la température jusqu'à 120 degrés et après deux heures seulement, les punaises sont tuées. Mais cette solution a un prix élevé. Le coût d'un sac de chaleur varie de 320$ à près de 1000$ selon sa grandeur et sa qualité.

2 Voyager avec des vêtements lavables à la machine.

Les punaises ne survivent pas à une «brassée» dans l'eau chaude et le savon. Mais attention! Les laveuses frontales sont moins efficaces que les verticales puisqu'elles utilisent moins d'eau. L'autre solution est de placer ses vêtements dans la sécheuse pendant 40 minutes à température élevée.

3 Voyager avec un sac à dos lavable ou une valise de style coquille de plastique.

En arrivant à la maison, on peut immédiatement tuer les insectes en lavant son sac dans la laveuse. Pour la valise de style coquille, il existe un insecticide en vaporisateur que l'on peut se procurer pour une dizaine de dollars chez les spécialistes en gestion parasitaire.

4 Envelopper ses vêtements

Dans sa valise, l'entomologiste Harold Leavey emballe toujours des vêtements dans un sac de plastique étanche et scellé avec du ruban adhésif. À son retour à l'aéroport, il ouvre le sac et enfile les vêtements. Il place sa valise dans un sac de poubelles pour ne pas contaminer sa voiture.

Demander un remboursement?

Vous avez été incapable de trouver le sommeil lors de votre séjour à l'hôtel à cause des punaises de lit qui partageaient votre lit. Bonne chance pour obtenir un remboursement! «Si on est insatisfait d'un service, on a le droit de demander un remboursement, dit Jean Jacques Préaux, porte-parole de l'Office de la protection du consommateur (OPC). Mais pour obtenir un remboursement, ça va dépendre de la grosseur du marteau avec lequel on frappe sur le comptoir de l'hôtel.» En effet, bien des hôteliers sont si habitués d'être infestés par des punaises de lit qu'ils ont maintenant l'air insensibles lorsque les clients se plaignent de piqûres. En fait, en fournissant un lit et quatre murs aux consommateurs, l'hôtelier respecte son engagement, explique l'Office. Le dernier recours des clients, s'ils ont voyagé au Québec bien sûr, demeure la cour des petites créances. Le montant maximal d'une réclamation est de 7000$.