Dans le sillage des récents attentats djihadistes en Europe, les États-Unis ont annoncé lundi un durcissement de leur programme d'exemption de visa dont bénéficient les ressortissants d'une quarantaine de pays alliés.

Ils décortiquaient déjà avec minutie les demandes de visa déposées par des citoyens de pays en guerre. Les États-Unis vont désormais élargir le champ du questionnaire rempli par les visiteurs dispensés de visa pour entrer sur le sol américain.

Washington attend également de ses alliés une coopération et un partage de renseignements plus importants pour tenter d'intercepter les «combattants étrangers» revenant de zones de conflit comme la Syrie.

Les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts le 13 novembre, ont été menés par des Européens radicalisés dont plusieurs auraient été entraînés par le groupe État islamique dans ses bases de Syrie et d'Irak, avant de revenir en Europe.

En tant que citoyens français ou belges, ils auraient pu entrer aux États-Unis grâce au programme ESTA d'exemption de visa et ainsi éviter les contrôles stricts imposés aux ressortissants des autres pays, et en particulier aux réfugiés.

Désormais, les visiteurs des 38 pays bénéficiant du dispositif ESTA vont devoir déclarer leurs séjours dans les pays qualifiés de «paradis pour terroristes» par le ministère américain de la Sécurité intérieure.

Leurs demandes vont également être examinées avec davantage d'attention par les services américains qui, en contrepartie, vont coopérer plus étroitement avec les polices et le renseignement des pays partenaires.

Le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Ben Rhodes, qui s'exprimait à Paris, a expliqué que la Sécurité intérieure avait renforcé certaines mesures avant même les attentats de Paris et que le ministère réagirait désormais plus promptement.

«Nous avons toujours été préoccupés par le fait que le flot de combattants étrangers qui entrent et sortent d'Europe est beaucoup plus important qu'aux États-Unis», a-t-il relevé.

«Nous profitons en quelque sorte de la situation géographique et, d'une certaine façon, du simple fait que nous ayons une population qui n'a pas le même désir de rejoindre l'État islamique en Syrie», a poursuivi M. Rhodes.

Combattants étrangers 

Les agences fédérales américaines vont également oeuvrer avec les autorités des pays ayant accès au programme d'exemption de visa afin de les aider à collecter des données biométriques, ont indiqué des responsables américains.

Enfin, des équipes américaines seront déployées dans des régions par lesquelles des djihadistes de retour de zones de guerre pourraient chercher à transiter pour se rendre ensuite aux États-Unis.

Le ministre de l'Intérieur Jeh Johnson a pressé le Congrès, dominé par les républicains, d'octroyer des financements supplémentaires pour amplifier les contrôles des passagers aériens et pour augmenter la sécurité dans les aéroports.

«Cela signifie le déploiement d'employés des douanes américaines dans les aéroports à l'étranger ayant des liaisons directes avec les États-Unis», a-t-il fait valoir, précisant que c'était déjà le cas dans quinze aéroports étrangers.

De son côté, le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a appelé le Congrès à agir rapidement pour adopter les mesures de financement de ces nouvelles dispositions de sécurité.

«S'il y a des mesures que nous puissions adopter pour améliorer le partage d'informations, ce serait évidemment un élément important pour mieux contrôler les personnes», a-t-il ajouté.

A l'heure actuelle 38 pays, dont 23 de l'Union européenne, la Suisse, la Norvège, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Japon, Singapour et quelques petits États (Andorre, Brunei...), bénéficient de cette exemption.

Environ 20 millions de voyageurs sont entrés sans visa aux États-Unis en 2013, selon le ministère de la Sécurité intérieure, soit un peu plus du tiers des visiteurs temporaires. La seule formalité est de remplir un formulaire biographique en ligne, ESTA. La réciprocité est requise: les Américains peuvent aussi se rendre dans les autres pays sans visa.