Partir en n'ayant peur de rien ? Impossible. Mais partir même en ayant peur de tout ? C'est possible : deux bourlingueuses « trouillardes » en font la promesse.

On ne l'aurait pas soupçonné, mais Marie-Julie Gagnon, auteure du blogue de voyage taxi-brousse.ca, qui cumule une trentaine de pays visités sur son CV, avoue sans complexe avoir « peur de tout : d'être malade, de [se] faire voler, d'être agressée ». Idem pour Ariane Arpin-Delorme, qui, avec un passeport aussi bien garni, a fondé sa propre agence de voyages sur mesure (esprit-daventure.com). Elle ne part jamais sans une quantité effroyable de « potions » et petits pots pour parer à tous les malaises et maladies possibles.

Cumulant leur expérience et leurs phobies, les deux jeunes femmes viennent de publier un guide à l'usage des filles « qui ont peur de tout ».

Les auteures s'adressent autant aux jeunes filles qui n'ont jamais quitté le nid familial qu'aux retraitées qui rêvent de nouveaux défis. « C'est très émotif, voyager ; on voit beaucoup de femmes qui ressentent le besoin de le faire après un changement de carrière, un divorce, mais il leur manque quelques outils qu'on voulait leur donner », remarque Ariane Arpin-Delorme.

Le livre s'ouvre sur une enfilade de portraits de voyageuses typiques, rédigés sur un ton se voulant humoristique, censés aider les lectrices à mieux définir leur caractère, leurs besoins et leurs limites : on décrit leurs manies et leur suggère des destinations et des activités, mais le plus utile, ce sont les conseils livrés par de grandes voyageuses (blogueuses pour la plupart) qui se rapprochent de ces descriptions.

Suivent des indications pratico-pratiques susceptibles d'éviter aux voyageurs, peu importe leur sexe, bien des soucis à destination : une liste des documents à trimballer, des médicaments, des accessoires indispensables, etc. On suggère, par exemple, de ne jamais accepter de chambre au rez-de-chaussée d'un hôtel, les voleurs pouvant y accéder plus facilement qu'à l'étage.

Puis, les femmes y trouveront aussi des conseils - surtout de sécurité - qui leur sont directement adressés « parce que l'égalité hommes-femmes, ce n'est pas encore vrai », dit Marie-Julie Gagnon. Elles doivent faire plus attention à leurs vêtements, entre autres, pour ne pas froisser les susceptibilités dans plusieurs pays.

Cela dit, il ne faut pas penser que le fait de voyager en étant une femme, seule, est nécessairement un désavantage, préviennent les auteures. « Cela nous permet au contraire, parfois, de faire des rencontres particulièrement intéressantes, de tisser des liens ou d'établir des contacts avec des groupes de femmes pour mieux saisir une culture », relève Ariane Arpin-Delorme, qui a d'ailleurs longtemps traîné dans ses bagages, en Amérique latine, un tricot que des femmes, rencontrées ici et là dans le bus, complétaient avec elle, autant d'occasions précieuses d'entamer la discussion. Un chapitre entier est consacré aux astuces pour faire de belles rencontres et aux lieux les plus intéressants réservés aux femmes.

Le voyage pour les filles qui ont peur de tout, Ariane Arpin-Delorme et Marie-Julie Gagnon, Éditions Michel Lafon, 27,95 $.