Qui ne se souvient pas des Jeux olympiques de Lillehammer? Des succès des athlètes québécois Jean-Luc Brassard, Myriam Bédard, Marc Gagnon, Nathalie Lambert, Philippe LaRoche et Isabelle Brasseur?

À Lillehammer, parlez des Jeux olympiques à toute personne âgée de plus de 25 ans et vous verrez ses yeux s'illuminer. Qualifiés à l'époque des Jeux les plus réussis de l'histoire moderne, ils sont encore aujourd'hui cités comme un exemple à suivre.

«Le nom de Lillehammer est maintenant reconnu partout en Occident, constate avec fierté Erik Ulateig, PDG du Parc olympique de Lillehammer. Nous nous sommes fait un nom. Et nous avons réussi à le maintenir parce que nous avons continué à tenir des événements sportifs qui profitent d'une couverture médiatique.» En 2016, Lillehammer accueillera notamment les Jeux olympiques de la jeunesse.

Mais entre avoir entendu parler de Lillehammer et aller y passer ses vacances, il y a un pas que plusieurs touristes étrangers hésitent à franchir. Son pic d'affluence, Lillehammer l'a connu en 1993, soit l'année précédant les Jeux. «Depuis 1996, il y a moins de touristes qui viennent ici à cause des Jeux olympiques, admet Erik Ulateig. Mais Lillehammer reçoit aujourd'hui plus de touristes qu'il en recevait avant les Jeux.»

Situé à 180 km d'Oslo, soit environ deux heures de voiture, Lillehammer est surtout un terrain de jeux apprécié des résidants de la capitale qui, comme beaucoup de Montréalais, filent vers le nord le week-end venu. Étonnamment, même si la ville est plutôt liée aux plaisirs hivernaux dans la tête des étrangers, c'est pendant les vacances estivales qu'elle reçoit son plus grand achalandage touristique.

C'est pourquoi l'hiver, en semaine, vous risquez de trouver une ville pas très animée qui s'endort passé 21 h. Dans Storgata, une rue piétonne située au coeur du village, l'ambiance n'a aujourd'hui rien à voir avec celle qui régnait en février 1994 quand il était presque impossible d'y circuler.

Gerhard Heiberg, membre norvégien du Comité international olympique qui était aussi le PDG du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Lillehammer, a déploré en 2010 que la ville n'ait pas su profiter du passage des Jeux.

«Notre erreur a été de ne pas assez capitaliser sur la publicité que procure le passage des Jeux olympiques, a dit Gerhard Heiberg au premier ministre de la Colombie-Britannique, quatre ans avant la tenue des Jeux de Vancouver. Vous devez profiter des Jeux pour faire la promotion de vos forces, de vos attraits. Nous avons perdu beaucoup en ne le faisant pas.»

M. Heiberg avait notamment fortement recommandé aux élus de construire un aéroport pour relier Oslo, la capitale, à Lillehammer. L'aéroport n'a jamais été construit. Vingt ans plus tard, on rejoint toujours Lillehammer par une petite route sinueuse. On peut aussi s'y rendre en train ou en bus, mais sur place, si on veut se déplacer, la voiture s'avère presque essentielle.

Mais en matière d'infrastructures touristiques et sportives, l'héritage des Jeux olympiques est indéniable. Deux stations de ski, Kvitfjell et Hafjell, ont vu le jour dans la foulée de la manifestation, de même qu'un musée qui retrace l'histoire olympique. Plusieurs hôtels ont aussi été construits. Et contrairement à plusieurs autres villes hôtes des Jeux, Lillehammer a su garder bien vivantes ses installations olympiques.

Des installations qui pourraient se retrouver à nouveau sous le feu des projecteurs en 2022 puisque Oslo prévoit déposer sa candidature pour l'obtention des Jeux olympiques d'hiver, qui se tiendraient en partie à Lillehammer. À suivre.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La rue Storgata.