C'est vrai à Montréal comme à Paris: il n'est pas toujours aisé de trouver un café où il est possible de se connecter à l'internet sans s'inquiéter du temps qui passe (et siroter un café sans recevoir un regard mauvais d'un propriétaire exaspéré).

Des cafés nouveau genre, apparus depuis peu à Paris puis à Rome, veulent changer la donne. Baptisés AntiCafés, ces lieux offrent aux étudiants, créateurs, touristes ou rêveurs un espace convivial où ils peuvent s'éterniser sans culpabiliser.

La différence? On paie ici pour le temps passé sur place et non pas pour ce que l'on consomme, puisque nourriture et boissons sont offertes à volonté. Pour 4 euros l'heure (16 euros maximum par jour), on peut utiliser le service haute vitesse d'internet sans fil, choisir un jeu de société dans la ludothèque ou se servir à volonté au comptoir gourmand. Cappucino, limonade maison, soda, fruits, humus, madeleines, biscuits, en-cas salés ou sucrés... Le choix varie au gré des journées.

«Le premier AntiCafé a ouvert il y a deux ans à Beaubourg, près du Centre Pompidou, explique Nicolas Perrot, codirigeant du réseau des AntiCafés. Le fondateur, Ukrainien d'origine, étudiait en entrepreneuriat à Paris et n'arrivait pas à trouver de lieu adéquat pour rencontrer du monde ou travailler sur un projet.»

«Dans les cafés traditionnels, le café est cher et l'accueil n'est pas forcément à point, poursuit-il. Surtout, on ne sent pas qu'on peut y rester pour prendre seulement un café et travailler sur un projet. Il y a toujours une pression à la consommation. La jeune génération n'avait pas d'espace pour se rencontrer. Or, les 20-35 ans utilisent beaucoup les réseaux sociaux et nous souhaitions leur offrir un espace physique qui favorise les échanges, la collaboration.»

Mission accomplie. À Rome, l'AntiCafé que nous avons visité baigne dans une indéniable convivialité, tous les clients se retrouvant autour d'une grande table de réfectoire. Un câble réseau manquant, une question de traduction? L'aide est spontanée.

L'espace tient à la fois du bureau de travail collectif et du salon privé, où chacun se lève quand bon lui semble pour aller fouiller dans le réfrigérateur. «L'AntiCafé s'inspire aussi des cafés culturels russes, souvent installés dans des appartements privés, où il faut payer selon le temps passé», ajoute M. Perrot.

Pour le touriste en mal d'un réseau internet digne de ce nom, les AntiCafés sont aussi des solutions toutes trouvées. Mieux, il est possible d'utiliser l'imprimante ou le scanneur sur place. Certains soirs, on y présente des événements organisés par les utilisateurs et ouverts à tous: réseautage, présentation culturelle, cours d'italien...

Depuis l'ouverture de l'AntiCafé de Beaubourg en 2013, trois autres ont vu le jour: deux à Paris (près du Louvre et sur la rive gauche, dans le quartier Olympiades) et un à Rome, dans le quartier San Giovanni, à un jet de pierre de la basilique Saint-Jean-de-Latran.

anticafe.eu