Au cours des prochaines semaines, notre collaboratrice Melissa Maya Falkenberg vous présentera des road trips étonnants et accessibles. Née d'une mère agente de voyages et d'un père maître en Westfalia, cette «roadtripeuse» professionnelle s'impose une clause pour cette série: les fugues doivent pouvoir se réaliser en un week-end. Cette semaine: une maison miniature dans le village de Jamaica, au Vermont.

J'ai rarement eu des coups de foudre en amour. Mes coups de coeur, je les ai eus en amitié. Et presque chaque fois, comme un genre de test, je dis: «Hey! On ne se connaît pas beaucoup, mais... est-ce que ça te tente de partir avec moi?»

Cette fois-là, j'avais en tête une cabane dans le Vermont. J'étais tombée sur sa photo très tard un soir en naviguant sur l'internet, et j'avais décidé de l'appeler «la cabane Willie Nelson». Le plan était simple: aller à la cabane, et écouter du Willie Nelson.

Mon amie Marie-Pierre a dit oui. Je suis allée la chercher un vendredi soir après le travail à la station de métro Préfontaine. Elle avait une valise miniature, les cheveux en bataille et un manche de ukulélé qui sortait de son sac à dos. Des kilomètres et des kilomètres plus tard, après quatre heures de route, elle a fini par en jouer. Et cette image, dans ce village mystérieux, était l'une des plus belles de l'année.

Le village et ses alentours 

Il n'y a pas grand-chose à faire à Jamaica, à part se laisser apaiser par ses enveloppantes Green Mountains. Situé dans le sud du Vermont, le village a conservé toute l'authenticité d'antan et mise sur son esprit de communauté. 

«Tout le monde prend soin de tout le monde ici. La majorité d'entre nous travaille à l'un ou l'autre des monts de ski de la région: Stratton, Bromley, Magic. Et nous faisons un effort pour soutenir l'économie locale au quotidien», explique fièrement une résidante.

En direction de la maison miniature, sur la route 30, on s'arrête chez D & K's, la charmante épicerie du village. Viandes fraîches, fromages, tartes, fudge maison et autres produits locaux permettent de faire des provisions pour le week-end, en plus de goûter aux saveurs de la région.

Et si l'envie vous prend de sortir de votre refuge le jour suivant, une exploration des alentours vous mènera vers des paysages d'un autre monde.

Le refuge

Son joli nom: Apple Blossom Cottage

Ses créateurs: Sarah, professeure à domicile, et Domenic, designer de remises et de maisons miniatures

Dimensions: 12 sur 26 pieds

Assez de place pour: deux lits superposés et un divan-lit, une cuisinette, des jeux de société, une salle de bains plus grande que celles de nos appartements à Montréal... et du WiFi.

C'est Sarah qui a elle-même fabriqué les rideaux avec la technique du tie-dye (teinture sur noeuds), qui consiste à nouer le tissu (ici en spirale) avant de le plonger dans la teinture. Cette façon de créer des vêtements colorés et originaux existe depuis la nuit des temps, notamment au Pérou, au Japon, en Chine et en Afrique, mais on l'associe surtout au mouvement hippie né dans les années 60 aux États-Unis. Ses couleurs vibrantes, son aspect DIY («Do It Yourself») et les motifs rappelant les hallucinations causées par le LSD ont naturellement plu à la génération de la contre-culture, qui rejetait alors la surconsommation et les normes établies.

«Avant même de nous rencontrer, nous avions tous les deux vécu pendant plusieurs années dans diverses maisons miniatures, explique-t-elle. L'idée d'en construire une sur notre terrain est née quand nous avons réalisé à quel point les cabanes - même celles sans eau ni électricité - étaient devenues populaires. Nous avions envie de créer un lieu unique qui, en plus de remplir les fonctions habituelles d'une maison, serait à l'image des valeurs environnementales du Vermont. Et quand le cottage n'est pas loué, nous sommes contents de l'avoir pour les membres de la famille qui nous rendent visite!»

Pinterest et les médias sociaux semblent d'ailleurs avoir largement contribué à la popularité de la tiny house. Selon Sarah, les nombreux articles, les livres et les émissions de télévision qui s'intéressent au sujet ont également aider à faire connaître la tendance.

«Devant les alarmants changements climatiques, beaucoup d'entre nous ont envie de gestes concrets qui font une différence, continue-t-elle. Une empreinte écologique plus petite, ça fait une différence. Et c'est quelque chose qu'un être humain peut voir, toucher et quantifier.»

Photo Melissa Maya Falkenberg, collaboration spéciale

Photo Melissa Maya Falkenberg, collaboration spéciale

À écouter sur la route

À l'aller

Honeysuckle Rose, Willie Nelson and Friends (1980)

Bande sonore country-rock dont la chanson d'ouverture n'est nulle autre que l'hymne à la route On The Road Again. Willie Nelson aurait rapidement gribouillé cette chanson pendant un vol, peu de temps après que l'un des producteurs de Honeysuckle Rose lui eut demandé de penser à une chanson thème pour le film. Surface de travail: le sac en papier destiné aux passagers qui ont le mal de l'air...

Au retour

Il vaut mieux une petite maison dans la main qu'un grand château dans la montagne, Françoise Hardy (1968)

Parce que c'est la seule chanson que nous avons trouvée, dans nos iPod, qui était aussi poétique que ce que nous venions de vivre.