Deuxième ville la plus populeuse du Cambodge, Battambang garde son esprit de village. Ici, les artisans forgent encore à mains nues pics, pelles et fourches. Les chauffeurs de tuktuk nous racontent sans retenue leur passé sous le régime des Khmers rouges. Découvrez huit incontournables de cette ville située à trois heures de route des temples d'Angkor.

Le tour des artisans

Une belle façon d'amorcer son séjour à Battambang est de découvrir son terroir. Dans la cour de la première famille qu'on rencontre, au milieu des sacs de grains pleins à craquer, des dizaines de feuilles de riz sèchent au soleil. Du cadet jusqu'aux aînés, cette famille produit artisanalement l'ingrédient premier des rouleaux de printemps. On poursuit notre balade en passant chez les forgerons, les sculpteurs de bois et les fabricants de bâtons d'encens.

Se faire masser

Les aveugles dans les pays en développement sont parfois ostracisés, mais Seeing Hand Massage a trouvé une formidable façon de les intégrer à la société. Chacun a suivi une formation professionnelle selon les techniques japonaises et effectue des massages de type shiatsu, sans huile. Pour seulement 6 $US, on reçoit un traitement de 60 minutes. Il ne faut pas se laisser rebuter par le lieu quelque peu décrépit: ces masseurs ont indéniablement un septième sens pour trouver nos bobos et délier les tensions.

Situé dans la rue 121, près de Pub Street

Visiter le marché central

Le marché Psah Nat est le centre de la ville. Dans la section alimentaire, à l'ouest du marché, on peut acheter des fruits et légumes locaux comme le jacquier, à condition de supporter les odeurs de poisson séché et la vue des têtes de porc fraîchement coupées. On ne vient pas à Psah Nat pour trouver le souvenir idéal, mais plutôt pour goûter un moment à ce capharnaüm et s'imprégner du rythme de ce pays, où encore un tiers de la population vit avec moins de 2 $US par jour.

Assister à un spectacle de cirque

Les jeunes artistes de Phare Ponleu Selpak ont de l'énergie à revendre et un sourire contagieux. Créé par d'anciens enfants des camps de réfugiés de l'époque des Khmers rouges, l'organisme mise sur les arts pour venir en aide à des centaines de jeunes de la région. Une éducation complète est offerte à ceux qui fréquentent ses établissements, en plus de formations en cirque, en arts visuels et en musique. Les meilleurs élèves se produisent sous le chapiteau quelques fois par semaine. On peut également visiter leur galerie d'art, qui est sans contredit le meilleur endroit en ville pour acheter des toiles originales.

Admirer la statue de Battambang

Imitant cinq autres véhicules, notre chauffeur de tuktuk se gare en double dans le rond-point qui accueille les automobilistes en provenance de la capitale, Phnom Penh. Une imposante statue haute de plus de six mètres trône au milieu, représentant un homme tenant un bâton. Battambang signifie en khmer «la cité du bâton perdu», et les légendes à ce sujet sont nombreuses. La plus populaire voudrait qu'un berger ait trouvé un bâton magique et s'en soit servi pour usurper le trône du roi. Quoi qu'il en soit, faire des offrandes ici porte bonheur, et l'on retrouve aux pieds de la statue des porcs cuits complets, des fruits à vendre et de nombreuses familles qui se prennent en photo dans ce curieux décor.

Monter dans un train de bambou

Le norry est un moyen de transport inusité encore utilisé pour relier les villages et transporter la marchandise. La voie ferrée de Battambang a été construite vers 1920, pendant la colonisation française, et a aujourd'hui plus en commun avec une montagne russe. Chaque «wagon» est une plateforme de bambou de la grandeur d'un lit, posée sur deux essieux, avec son moteur et son conducteur. À une vitesse d'environ 15 km/h, on traverse les champs pendant 30 minutes avant d'atteindre le village voisin. Les mêmes rails sont utilisés dans un sens comme dans l'autre, ce qui engendre de loufoques face-à-face: un chauffeur démonte alors sa plateforme en un tournemain pour laisser passer l'autre, sous le regard ébahi des touristes.

Voir la colline Phnom Samphou et ses chauves-souris

En grimpant les 700 marches qui mènent au sommet de Phnom Samphou, notre chauffeur de tuktuk nous parle de sa soeur qui a été tuée devant sa famille et de ses parents qu'il a vus pour la dernière fois quand il avait 13 ans. Les Khmers rouges, qui ont pris le pouvoir en 1975 avec Pol Pot à leur tête, ont exterminé environ 2 millions de personnes. Les grottes de cette montagne faisaient alors office de charniers et la visite nous laisse sans mots. Il ne faut pas manquer les milliers de chauves-souris qui migrent chaque jour en partance de la colline. La nuée débute vers 18 h et dure une trentaine de minutes, les petites bêtes se rendant vers la campagne pour y manger des insectes. Il est bon de savoir que les chauves-souris urinent en vol, il faut donc éviter de se tenir sous le flot!

Manger sur le pouce

Essayez le kralan, la collation par excellence des Khmers. Ce gâteau constitué de riz gluant, de lait de coco, de sucre de palme et de fèves noires est cuit sur le feu dans le creux d'une tige de bambou. De nombreuses dames les préparent le long des routes et près des stations de bus. En ville, on ne manque pas de savourer un amok, fameux curry traditionnel du Cambodge. À base de viande ou de poisson, ce plat est cuit à la vapeur dans une feuille de bananier avec de la crème de coco et du galanga. Le petit restaurant Smokin' Pot en propose une succulente version, en plus d'offrir un décor original et des prix raisonnables.

Situé dans la rue 121, entre la rue 1 et la rue 1 1/2

Photo Elyse Lévesque, collaboration spéciale

Chaque «wagon» est une plateforme de bambou de la grandeur d'un lit.

Photo Elyse Lévesque, collaboration spéciale

Ne manquez pas de savourer un amok, fameux curry traditionnel du Cambodge.