Arriver par ses propres moyens à Caral, la plus ancienne civilisation des Amériques, constitue en soi une aventure.

D'abord, il faut trouver à Lima un autocar qui se rende directement à Barranca, au nord. En fonction des bouchons qui paralysent la capitale, vous mettez pied à terre trois ou quatre heures plus tard. Attrapez ensuite un taxi collectif qui met le cap sur Supe Pueblo. C'est dans ce village que vous trouverez un autre véhicule qui vous déposera à l'entrée des ruines de Caral, au coeur d'une étroite vallée fertile bordée de montagnes arides.

Cela dit, cet obstacle surmonté, la visite de la cité fondée aux alentours de l'an 3000 av. J.-C. vaut le détour. Certes, Caral ne jouit pas du même aura que le Machu Picchu, mais fouler le sol de l'un des berceaux de la civilisation représente une expérience unique. Contempler ces vestiges suscite chez le visiteur un sentiment d'émerveillement mêlé d'un profond apaisement. Seul le bruit du vent qui déferle sur les dunes trouble la quiétude de ces imposantes constructions de pierre sorties de terre, semblables à des géants endormis.

L'histoire moderne de Caral est relativement récente. En octobre dernier, on fêtait les 20 ans des premières découvertes archéologiques réalisées par la chercheuse péruvienne Ruth Shady Solis. À ce jour, les fouilles ont permis de trouver 21 centres urbains dans un corridor de 48 km de long, dont plusieurs sont maintenant ouverts au public. Bien qu'ils présentent des degrés de complexité et des dimensions variables, chaque village comptait ses édifices publics, ses places circulaires et ses résidences réservées à l'élite. D'ailleurs au moment de notre visite, des recherches étaient en cours.

La cité de Caral, considérée comme le centre de cette civilisation, compte à elle seule 32 édifices publics sur un territoire de 66 hectares. La cité étant conçue tel un vaste calendrier, l'emplacement de ses pyramides était choisi en fonction de la position des astres, chacun représentant une divinité.

Une cité florissante

Les peuples de Caral ont fait un choix judicieux en s'établissant dans la vallée de Supe. Cinq mille ans après avoir jeté les bases de cette civilisation précédant Aztèques, Mayas et Incas, ses habitants cultivent toujours la terre dans ce mince cordon fertile au coeur du désert.

«On estime que la cité de Caral a compté à son apogée 3000 habitants, explique Wilmer, notre guide. Leur civilisation a pu se développer notamment grâce au système d'échange de leurs surplus agricoles avec les autres peuples de la côte, des Andes et de l'Amazonie.» La découverte dans les ruines d'un coquillage provenant de l'Équateur soutient l'hypothèse de l'existence d'un vaste réseau commercial.

Plusieurs éléments architecturaux, culturels et organisationnels de Caral seront d'ailleurs transmis aux civilisations préhispaniques postérieures. Et certaines sociétés traditionnelles du Pérou les utilisent encore.

Si la visite du site archéologique permet de comprendre les rouages d'une société avancée sur le plan technique et scientifique, la cité sacrée conserve de nombreuses énigmes. Malgré 20 ans de fouilles, les archéologues n'ont trouvé à ce jour que cinq restes humains, et aucun tombeau. Vraisemblablement, Caral n'est pas pressée de livrer tous ses secrets. Elle a l'éternité devant elle.

http://www.zonacaral.gob.pe/

Se rendre à Caral

À Lima, l'entreprise Movil Tours (749, paseo de la Republica, La Victoria) propose des départs directs vers Barranca en matinée. Le dernier autocar retourne vers la capitale à 19 h. Le terminus de l'agence étant situé dans un quartier peu recommandable, il est fortement recommandé de s'y rendre dans un taxi que le personnel de votre hôtel aura appelé.

Dormir à Supe

Le village abrite un petit musée sur la civilisation Caral situé face à la plaza de Armas. Hormis ce point d'intérêt, Supe est plutôt dépourvu de charmes. Ceux qui font route vers le nord et qui ne veulent pas revenir à Lima peuvent dormir à l'Hôtel Supe-Caral, également sur la place du village. Économique, propre et tranquille.