Trop souvent boudée des visiteurs qui trépignent d'impatience à l'idée de visiter Cuzco et les splendeurs de l'empire inca, Lima, la capitale du Pérou, a beaucoup à offrir. La bourdonnante métropole abrite plusieurs joyaux historiques, une vie culturelle dynamique et d'excellents restaurants.

Jour 1

9h

À bord d'un combi

En arrivant à Lima, impossible d'ignorer les combis. Ces microbus déglingués qui congestionnent les artères de la capitale constituent le principal moyen de transport de ses habitants. Grimper dans l'une de ces caisses peintes de toutes les couleurs constitue une expérience pour le moins dépaysante. Mieux vaut avoir les nerfs solides, car les combis s'arrêtent un peu partout et se livrent une chaude lutte pour faire monter le plus de passagers possible. Le cobrador, personnage bourru à la voix nasillarde, seconde le pilote en annonçant les prochains arrêts de leur itinéraire. Pour aider à s'y repérer, les noms des principales artères du circuit sont indiqués sur les côtés des véhicules.

10h

Le sanctuaire de Pachacamac

Bien qu'ils n'exercent pas le même attrait sur les visiteurs que les ruines de la Valle Sagrado à Cuzco, la capitale compte plusieurs vestiges incas intra et extra-muros. Dans le quartier de Lurin, le sanctuaire de Pachacamac (au kilomètre 31,5 sur l'Antigua Panamericana Sur) révèle de nombreux bâtiments et rues à cet endroit occupé depuis l'époque de la culture Lima (l'an 200) jusqu'à l'arrivée des Espagnols. Les visiteurs peuvent notamment se promener autour du Temple du Soleil. Par temps dégagé, la vue sur l'océan y est splendide. Un petit musée expose quelques-unes des pièces découvertes par l'archéologue allemand Max Uhle en 1896.

13h

Déguster un ceviche

Les Liméniens raffolent du ceviche, plat par excellence de la côte. Ce mets, principalement composé de poisson «cuit» par le jus de lime, est agrémenté d'oignons rouges, de coriandre, de maïs blanc et d'aji, un piment fort. Pendant l'almuerzo (dîner), de 13h à 15h, les clients font la file devant les portes des meilleures cevicherias en ville. Tenez-vous-le pour dit, la réussite de ce plat exquis dépend de la fraîcheur du poisson. Les locaux qui se respectent n'en mangeront pas le soir. Le district de Chorillos compte plusieurs bonnes adresses, dont El Morocho (1191, Malecon Grau). À Miraflores, le Punto Azul (595, calle San Martin) affiche presque toujours complet, mieux vaut réserver.

15h

Admirer le front de mer en parapente

Lima est une ville résolument tournée vers la mer, comme en témoignent les orgueilleuses tours blanches qui s'élèvent le long de la Costa Verde. À toute heure du jour, la promenade est envahie de joggeurs et les plages, de surfeurs. Lorsque le vent se lève, les amateurs de parapente se donnent rendez-vous près du Parque del Amor et offrent aux touristes de courts vols en tandem au-dessus de la ville. Au sud, on aperçoit le rocher de Chorillos et son port de pêcheurs; à nos pieds, Larcomar, luxueux centre commercial construit à flanc de falaise, et au nord, les îles de San Lorenzo et La Punta. Un peu cher, mais planant à coup sûr.

20h

Un pisco sour sur la plaza San Martin

Pour tromper la faîcheur des soirées liméniennes, rien de tel qu'un petit pisco sour, un cocktail qui fait la fierté des Péruviens partout dans le monde. Le visiteur a l'embarras du choix pour l'essayer, mais nous vous recommandons sans détour le Gran Hotel Bolivar, qui donne sur la somptueuse plaza San Martin, ou encore son voisin de droite, El Bolivarcito, pour une ambiance plus décontractée. Pour ajouter à l'ambiance, postez-vous près du bar pour observer le serveur mélanger le blanc d'oeuf, le jus de lime, le sirop de canne à sucre et la cannelle avec une généreuse mesure de pisco, l'eau-de-vie locale. Au deuxième verre, votre espagnol s'améliorera d'un cran.

Jour 2

11h

Le centre historique

Malgré de nombreux tremblements de terre, le centre historique de la cité - inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO - compte encore quelques édifices de l'époque coloniale d'une grande richesse architecturale. La promenade débute sur la rue piétonnière Jiron de Union qui débouche sur la monumentale plaza Mayor, siège du pouvoir avec sa cathédrale et son palais archiépiscopal. Sur les 12 coups de midi, derrière la grille du palais présidentiel, c'est le changement de garde avec costumes d'apparat et fanfare militaire. Patriotique à souhait, mais les curieux sont au rendez-vous. Deux coins de rue plus loin, il faut absolument visiter le Monasterio San Francisco et ses catacombes.

14h

Musée Larco

Afin d'apprécier la relation qu'entretenaient les cultures pré-incas avec l'au-delà et leurs ancêtres, une visite du Museo Larco (1515, avenida Simon Bolivar, Pueblo Libre) s'impose. Avec son père, l'archéologue péruvien Rafael Larco a acquis une impressionnante collection de 45 000 pièces d'oeuvres d'art, d'objets cérémoniels et d'offrandes funéraires issus, entre autres, des cultures paracas, lima, wari, moche et inca. L'exposition permanente - traduite en français - explique l'évolution des courants artistiques et la spiritualité de ces cultures et présente plusieurs pièces d'orfèvrerie d'une rare beauté. Fait peu commun, le dépôt du musée est ouvert au public. Le visiteur peut se promener entre les rayons surchargés de milliers de céramiques aux formes humaines, animales et végétales.

museolarco.org

16h

Flânerie dans Barranco

Autrefois la station balnéaire de l'élite liménienne, Barranco est devenu le rendez-vous de la bohème chic de la capitale. Les pavillons d'été de jadis abritent aujourd'hui hôtels-boutiques, bars branchés et galeries d'art. La bajada de baños est une allée piétonnière par où les plaisanciers avaient coutume de descendre à la mer. Les amoureux ne manqueront pas de passer près du Puente de los Suspiros (en rénovation lors de notre visite), très fréquenté des tourtereaux le soir venu. La galerie Artesanos Don Bosco (135, calle de San Martin) abrite des pièces d'artisanat religieux de créateurs de communautés défavorisées du pays. Pour avoir un aperçu de l'opulence des anciennes résidences d'été, il faut prendre un verre au bar de l'Hotel B (301, calle San Martin). Ouverte depuis un an, la Barranco Beer Company (305, avenida Miguel Grau) est l'une des rares microbrasseries de Lima.

19h

Souper d'anticuchos

La viande rouge trouve une place de choix sur la table des Péruviens, mais ce sont sans doute les anticuchos qui se démarquent du lot. La brochette de quartiers de coeur de boeuf mariné est cuite sur le gril, dégageant un fumet alléchant. Ce plat ultracarnivore s'accompagne de pommes de terre, d'épis de maïs blanc (choclo) et de fromage frais. Pour faire descendre le tout, on fait signe au serveur de nous servir de la chicha morada, une boisson fraîche de maïs violet. Plusieurs restaurants en font leur spécialité. Deux adresses à retenir: Anticuchos Grimanesa Vargas (466, calle Ignacio Merino, Miraflores). Un petit local qui ne paie pas de mine, mais la recette de sa propriétaire l'a rendu célèbre. Si on se trouve déjà à Barranco, l'Anticucheria Tio Mario (214, Jr. Zepita) est une valeur sûre.

22h

Musique créole dans une peña

En quelques mots, la peña est à la culture de la côte péruvienne ce qu'est la boîte à chanson au Québec, un bar où se perpétue une certaine tradition musicale. Les Liméniens et la parenté de passage en ville se réunissent autour d'un calorifique plat traditionnel et de quelques bières. À la Peña del Carajo! (158, calle Catalino Miranda, Barranco), la juerga commence les vendredis et samedis soir après 22h. Un groupe de musique criolla - caractérisée par la guitare espagnole et les rythmes africains - entonne des airs connus de tous. Le public ne se fait pas prier longtemps pour monter sur la piste de danse. Même la cuisinière et le portier se mettent de la partie! Ambiance garantie.