Depuis quelques mois, les touristes en vacances dans le Sud sont nombreux à s'être laissés surprendre par une quantité surprenante d'algues brunes, appelées sargasses, sur des plages de la Riviera Maya, au Mexique, et de la République dominicaine. Certes peu invitantes, ces algues ne sont pas pour autant dangereuses pour la santé.

Isabelle Legault, agente de voyages chez Voyages Universel, a été témoin de la présence incommodante des algues sargasses lors d'un voyage au Mexique du 27 juin au 4 juillet, sur la plage de Playacar, à Playa del Carmen. «J'ai été très surprise. On m'avait dit qu'il y en avait, mais je ne m'attendais pas à en voir autant. On devait enjamber les algues pour arriver à la plage. Pendant sept jours, personne ne les a ramassées. J'ai appris qu'un tracteur était passé après mon départ, mais les hôteliers sont dépassés par la situation», dit-elle.

Des voyageurs lui ont par ailleurs rapporté que les plages de Punta Cana, en République dominicaine, étaient elles aussi envahies par ces algues à la fin du mois de juillet. «Les gens doivent être informés parce que s'ils réservent sur l'internet, sans agent, ils risquent d'avoir une mauvaise surprise en arrivant sur place», croit Isabelle Legault.

Même si la présence de ces algues sur les plages de sable fin peut être à l'origine d'odeurs pestilentielles, il faut savoir qu'elles ne sont pas dangereuses pour la santé ni pour le milieu, souligne la Dre Dolores Planas, professeure au département des sciences biologiques de l'UQAM. «Normalement, les espèces de sargasses sont accrochées aux roches, en milieu côtier ou près des îles de corail, mais elles peuvent être arrachées et être transportées par les courants», explique-t-elle.

Son collègue David Bird abonde dans son sens: «C'est un phénomène naturel qui se produit en quantité plus importante cette année. Les sargasses poussent naturellement en pleine mer. Elles s'accumulent sur la plage au gré des vents.»

Opérations de nettoyage

Julien Laurent, chargé de projets marketing et communication pour le Club Med, confirme que les plages des villages de Cancún, de Punta Cana et de La Caravelle, en Guadeloupe, sont touchées par ce phénomène depuis le début de la saison estivale, mais souligne que le Club Med met tout en oeuvre pour nettoyer les plages.

«Lorsque ces algues apparaissent sur nos plages, très souvent le matin, nos équipes se mettent à l'oeuvre pour les enlever en priorité. Nous avons également mis en place des processus de travail afin d'éviter des dommages à la faune et à la flore locales lorsque nous procédons à l'enlèvement de ces algues», ajoute-t-il.

Transat affirme de son côté être au courant de ce phénomène qu'il surveille étroitement, tout en poursuivant ses activités normales à destination. «Les membres de l'industrie touristique, y compris les complexes hôteliers, suivent la situation de près et déploient tous les efforts pour nettoyer les plages. Il s'agit malheureusement d'un phénomène naturel récurrent et temporaire, totalement indépendant de notre volonté. La situation change au jour le jour et d'un endroit à l'autre», note Debbie Cabana, porte-parole du voyagiste.

À Cuba, aucun client n'a signalé pour l'instant la présence d'algues sargasses, précise Isabelle Legault. La situation semble également tout à fait normale aux Bahamas. «J'ai des contacts dans les hôtels qui me tiennent régulièrement au courant. Je suis curieuse de voir si la situation va s'améliorer au Mexique et en République dominicaine d'ici l'hiver.»

Les voyagistes refusent catégoriquement de rembourser les touristes dans le cas où les plages seraient inaccessibles à cause de ces algues. Les vacanciers doivent donc se renseigner auprès des agences de voyages ou tenter de vérifier par eux-mêmes l'état des lieux de villégiature en consultant, par exemple, des webcaméras sur l'internet qui montrent les lieux en temps réel.

D'OÙ VIENNENT LES ALGUES SARGASSES ?

Selon David Bird, professeur au département des sciences biologiques de l'UQAM, la prolifération des sargasses n'est pas nécessairement le résultat d'activités humaines et n'est pas exclusive à la mer des Antilles. Le phénomène a été observé depuis 2012 sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest et de certaines îles du Pacifique. Des phycologistes (spécialistes des algues) se penchent toutefois sur d'éventuels liens entre leur accumulation, le taux de remontée des eaux et les changements climatiques.