Leurs tribulations font le bonheur des amateurs de séries télé. Des films leur sont consacrées. Elles ont leurs sites de rencontre, leurs congrès, leurs croisières. Les «cougars», ces femmes qui couchent avec des hommes plus jeunes, sont omniprésentes dans la culture populaire. La télé nous les dépeint riches, blanches, cherchant l'histoire d'un soir. Une chercheuse de McGill montre que la réalité est tout autre.

Le phénomène médiatique

Il y a 15 ans à peine, vous disiez « cougar » et les gens pensaient à ces grands félins sauvages qui arpentent les forêts d'Amérique. Puis le terme a commencé à être utilisé pour désigner les femmes qui ont des relations sexuelles avec des hommes plus jeunes. Aujourd'hui, les cougars ont leurs émissions de télévision (Sex and the City, Cougar Town), leurs films (Prime, Adore), leurs livres (Cougar : A Guide for Older Women Dating Younger Men). Le phénomène a attiré l'attention de Milaine Alarie, candidate au doctorat en sociologie à l'Université McGill. « L'intérêt soudain pour ce type de relations ainsi que la façon dont on dépeint ces femmes m'intriguait », explique la chercheuse à La Presse.

Le tabou

Selon Mme Alarie, la fascination pour la « femme cougar » telle qu'on la dépeint dans la culture populaire s'explique parce qu'elle bouscule plusieurs normes sociales. Celle voulant que les femmes ne doivent pas exprimer ouvertement leur sexualité au-delà d'un certain âge, par exemple. Ou l'idée voulant que la femme perde de sa « valeur » sur le « marché du célibat » en vieillissant. « D'un côté, il y a un malaise culturel face à la sexualité des femmes vieillissantes. De l'autre, il y a un désir grandissant d'émancipation sexuelle de la part des femmes d'ici », constate Mme Alarie, qui croit que des « doubles standards » existent encore entre la façon de voir la sexualité des hommes et des femmes. Elle considère d'ailleurs que le terme « cougar » véhicule une connotation négative.

La quête

Dans la culture populaire, les femmes qui ont des relations avec des hommes plus jeunes sont blanches, riches et cherchent à s'amuser en multipliant les conquêtes sans lendemain. Pour voir si la réalité correspond à la fiction, Mme Alarie a épluché la vie sexuelle de 1519 femmes hétérosexuelles de 35 à 44 ans grâce aux données recueillies par un important sondage mené aux États-Unis. La chercheuse aurait aimé cibler les femmes de 35 à 55 ans, mais les données n'étaient disponibles que pour les femmes de 44 ans et moins. Elle s'est penchée sur les relations sexuelles entre des femmes et des hommes qui étaient au moins cinq ans plus jeunes qu'elles.

Le mythe

Les recherches de Mme Alarie montrent que la femme cougar dépeinte dans la culture populaire est un mythe. D'abord, l'argent : statistiquement parlant, les femmes ayant un revenu plus élevé sont moins enclines à choisir un partenaire plus jeune que celles qui ont un faible revenu. « Ces résultats suggèrent donc que ce n'est pas avec leur argent que les femmes attirent les hommes plus jeunes », précise Mme Alarie. Autre mythe déboulonné : ce sont les femmes qui se sont identifiées à une race « autre » (donc ni blanches ni noires) qui étaient les plus susceptibles d'avoir des partenaires plus jeunes. Et Mme Alarie montre que 54 % des relations de ce type durent plus de deux ans. Pas moins de 43 % des femmes qui ont des relations sexuelles avec des hommes au moins cinq ans plus jeunes qu'elles sont d'ailleurs... mariées à ces hommes.