Les symptômes du Parkinson seraient causés par une «surchauffe des neurones» cérébraux responsables du mouvement, qui s'épuisent dans l'effort et meurent prématurément, soutiennent des chercheurs montréalais.

Dans un article publié jeudi dans la revue Current Biology, l'équipe, dirigée par Louis-Éric Trudeau, professeur au département de pharmacologie de l'Université de Montréal, indique que cette découverte «pourrait ouvrir la voie à la création de modèles animaux et pour l'identification de nouvelles stratégies de traitement» de cette maladie neurodégénérative qui affecte plus de 100 000 personnes au Canada.

À la différence de la maladie d'Alzheimer, qui touche sans distinction les milliards de neurones du cerveau, les symptômes principaux de la maladie de Parkinson sont causés par la mort de «quelques dizaines ou centaines de milliers» de neurones dans quelques régions plutôt circonscrites du cerveau, précisent les chercheurs.

Depuis trois ans, l'équipe de l'Université de Montréal tente de confirmer l'hypothèse de la «surchauffe» des neurones cérébrales responsables du mouvement. Le professeur Trudeau explique que «comme un moteur qui tournerait trop vite pour propulser un véhicule, ces neurones doivent produire beaucoup d'énergie pour fonctionner». À cause de ce travail supplémentaire, ces neurones s'épuisent et meurent prématurément, provoquant ainsi les symptômes de mouvements incontrôlés du Parkinson.

Avec des modèles animaux, les chercheurs espèrent la mise au point de médicaments qui pourraient, par exemple, «aider les neurones en cause à diminuer leur consommation d'énergie, ou alors à produire leur énergie plus efficacement, ce qui diminuerait l'accumulation de dommages au fil des années», espère le «jeune» professeur de 46 ans.

M. Trudeau s'intéresse depuis 17 ans au fonctionnement d'une région du cerveau en cause dans la maladie de Parkinson, la schizophrénie et la dépendance aux drogues. L'article est cosigné par deux chercheurs des universités Laval et d'Ottawa.

Le professeur Trudeau admet que les maladies neurodégénératives les plus communes de nos jours représentent des défis particuliers pour les chercheurs, «car elles découlent, d'une certaine façon, de l'allongement de l'espérance de vie».

«D'un point de vue évolutif, certains de nos neurones ne sont pas programmés pour durer 80, 90 et même 100 ans, comme on le voit de plus en plus (en matière d'espérance de vie). Il faut s'attendre à ce qu'une partie du système subisse plus difficilement les outrages du temps.»