Trop de nouveaux restaurants à Montréal? Peut-être. Mais il y aura toujours de la place pour un Montréal Plaza. L'élégante nouvelle maison de Charles-Antoine Crête et de sa solide équipe a ouvert ses portes samedi soir, le 29 août.

Il y a bien eu quelques séances de rodage, cette semaine, dont une soirée unique, dans le cadre du festival Omnivore. Le menu était celui de Normand Laprise, du Toqué! , qui revisitait plus de 20 ans de classiques avec quelques piliers de ses brigades passées et actuelle. On voyait déjà, dans le service impeccablement professionnel mais très ludique, que la barre serait placée haut au Plaza, en cuisine, en salle et derrière le bar.

Une expérience à table réellement différente, pour les 0 à 100 ans: voilà la proposition du Montréal Plaza. «C'est quoi, un restaurant? C'est quoi, un GRAND restaurant? Est-ce que ça doit absolument être basé sur le modèle européen?», se sont demandé Charles-Antoine Crête et Cheryl Johnson, en imaginant leur future maison.

Le tandem s'est connu au Toqué! il y a 12 ans et, aussi improbable que cela puisse paraître - la petite blonde à la coupe garçonne est aussi discrète que le grand ébouriffé est extravagant -, ils ont commencé la plus fidèle des amitiés.

Le Montréal Plaza aura pris le temps qu'il faut pour mûrir et ouvrir un an et demi après que le protégé de Normand Laprise eut officiellement quitté la grande table. Cheryl rentrait pour sa part d'un séjour de travail en Thaïlande. Plusieurs autres anciens du Toqué!, dont le chef de cuisine Amin Nasrahllah, se sont ralliés au tandem.

La présence du grand chef en cuisine pour le premier repas servi sur la Plaza St-Hubert n'en était que plus symbolique: «C'est comme un parent qui va visiter le premier appartement de son enfant», a raconté le «fils» prodige en question. C'était d'ailleurs un «papa» spirituel visiblement fier et impressionné qui officiait dans les cuisines toutes neuves dimanche dernier.

Le «vrai» menu du Montréal Plaza est pour sa part constitué d'une quinzaine de plats de base, tout à fait abordables (entre 12 et 24$, environ). Certains d'entre eux portent des noms à la fois amusants et mystérieux, comme la Patate à rien et la caille Montréal Peinture. S'ajoutent à ce squelette bien en santé des plats du moment, selon les arrivages et, surtout, l'inspiration.

Sinon, comment crée-t-on un cadre qui plaira aux clients de 0 à 100 ans? On installe d'abord une coquille élégante, classique, mais pas guindée. Puis on la garnit de touches excentriques qui se révèlent une à une au cours de la soirée - ou de plusieurs soirées - selon la curiosité de chacun.

Ce que Charles-Antoine Crête appelle ses «espaces inutiles» est finalement ce qui fait du Montréal Plaza un restaurant on ne peut plus dynamique, pertinent et déjà rempli d'âme.