La réalité imprévisible du mois de mai québécois m'a amenée, la semaine dernière, vers la nouvelle izakaya Sumi dojo, où je me suis réfugiée du froid dans un plat de morue charbonnière, une salade de méduse et quelques crevettes frites à la mayonnaise.

Sumi dojo, c'est le restaurant piloté par de jeunes chefs d'origines chinoise et coréenne qui a pris l'espace du boulevard Saint-Laurent occupé jusqu'à récemment par Primadonna, l'une des tables italiennes fréquentées par le beau monde qui a fait jadis la gloire de ce quartier.

Cette zone de la Main est en redéfinition. Le bling-bling a pris la route du Vieux-Montréal, des banlieues et de Griffintown. Et les restaurants accessibles, sympathiques, abordables, où se retrouvent notamment les étudiants du ghetto McGill, font maintenant bien partie du secteur. On pense à Maison June Rose ou à Big in Japan, notamment.

Sumi dojo est une izakaya, mais on n'accueille pas les arrivants par le traditionnel «irasshaimase!», qui signifie «bienvenue» en japonais. Par contre, si vous choisissez d'allumer la soirée avec des «bombes au saké», vous entendrez le bruit de tambour et le cri de la serveuse vous invitant à donner des coups de poing sur la table pour faire tomber le verre de saké suspendu sur des baguettes dans un verre de bière.

Voilà le genre d'événement qui fait rire et provoque les échanges entre des convives inconnus.

Chez Sumi dojo, la décoration est chaleureuse même si l'espace est immense. Elle s'articule autour de beaucoup de bois - les murs, les planchers, les tables et bancs très carrés, très épurés - et un feu de cheminée décoratif derrière le bar. Pendant ce temps, dans la cuisine, on fait réellement cuire les brochettes, les poissons et compagnie dans un barbecue plus efficace, mais moins design, sur des charbons.

Au menu, imaginez quelque chose de japonais et moderne, mais accessible. On est loin des maîtres du sushi quasi chirurgicaux. Toutefois les saveurs riches classiques sont au rendez-vous. Pensez miso, soja, yuzu, hoisin, gingembre, piment... La base, quoi, fiable. On commence par exemple par des edamames, qui arrivent sans autre condiment que le sel. Suivent des sandwichs de pain vapeur au flanc de porc bien riches et fondants, légèrement sucrés.

On aime la salade de méduse, relevée au gingembre, où les filaments de fruit de mer prennent presque l'allure de ces pâtes de riz ou de fécule qui sont légèrement translucides. Mais avec la méduse, il y a un tantinet plus de résistance sous la dent, et c'est tant mieux.

La salade à la papaye verte et aux algues propose aussi une fraîcheur en agréable contraste avec le reste des plats. On commande beaucoup de plats, on est plusieurs, comme il se doit dans ce genre de brasserie. On applaudit les crevettes frites, servies avec une tonne de mayonnaise piquante.

Certains plats sont énormes, copieux, comme la seiche grillée que l'on sert en tranches, donc en rondelles, qu'on aurait aimées un peu plus travaillées. Créatures étonnantes, les ravioles de peau de poulet farcies au porc auraient pu être plus craquantes, mais l'idée est géniale.

Côté friture, il faut essayer le crabe à carapace molle, qui se grignote comme des croustilles inspirées par l'océan.

On avale le tout avec de la bière ou du saké, qu'on sert d'emblée froid, comme chez les Nippons. La maison en propose une vingtaine de variétés différentes. Au dessert, on choisit la panna cotta au jasmin ou le fondant au chocolat au saké. Ou alors, si on est vraiment aventureux, on opte pour un gâteau au fromage au miso. Nous, nous ne l'avons pas encore essayé. À une prochaine fois.

Sumi dojo

3479, boulevard Saint-Laurent

Montréal

514 507-7864

www.sumidojo.com

> Prix: entre 4,50$ et 12$ par petit plat à partager.

> Carte des vins: on boit de la bière ou du saké, dont on propose une vingtaine de variétés.

> Service: sympathique et efficace, pas super pointu. On est dans une brasserie.

> Atmosphère: c'est la fête dans cette izakaya, brasserie à la japonaise. On y va en groupe, on prend un verre, on partage des assiettes savoureuses et abordables, sans façon.

(+) Le côté très festif des lieux, les prix très raisonnables.

(-) Des plats inégaux, parfois géniaux, parfois moins.

On y retourne? Pourquoi pas, pour rigoler entre amis!