Pilote de ligne, Martin Blondeau est parti vivre à Hong Kong il y a neuf ans, avec sa femme et leur bébé, une fille prénommée Rachel. Leur deuxième enfant, Vincent, est né au port parfumé (Hong Kong, traduit en français). Après une parenthèse au Viêtnam, où la famille d'origine québécoise a vécu de 2011 à 2013, les Blondeau sont de retour dans cette « région administrative spéciale » de Chine. La Presse a joint M. Blondeau dans les Mid-Levels, un quartier résidentiel de Hong Kong.

Q: Pourquoi avez-vous déménagé à Hong Kong?

R: Je suis pilote de ligne et j'ai toujours voulu avoir une carrière internationale, pour faire voler des avions long-courriers. Les possibilités d'ascension étaient plus grandes ici, à cause du marché. Avant, je travaillais chez Air Canada, sur des vols qu'on appelle de réserve. On part un peu à la dernière minute, pour plusieurs jours. Ici, tout de suite en commençant, on m'a donné un horaire pour le prochain mois. Je ne faisais que des vols long-courriers, ce qui veut dire partir 3-4 jours, puis revenir 5-6 jours. Ça m'a permis d'être beaucoup plus présent auprès des enfants.

On voulait aussi ouvrir les enfants sur le monde en vivant dans une ville qui sera au centre de l'action pour les prochaines décennies.

Q: Quelles activités faites-vous avec vos enfants?

R: Étonnamment, on peut faire tout ce qui se fait à Montréal ou à Québec. Par exemple, on peut patiner, puisqu'au moins trois centres commerciaux ont des patinoires. C'est super populaire, il faut se faufiler à travers la foule pour patiner. Ça nous a permis de faire découvrir le patin à nos enfants. Mon fils va même commencer le hockey sur glace à l'automne. Pour l'instant, il joue au hockey sur gazon. Toutes les activités sportives sont assez accessibles ici.

On fait beaucoup de randonnées en montagne, il y a des sentiers emménagés sur l'île de Hong Kong et dans les îles des alentours. Il y a aussi beaucoup de plages publiques, avec des installations pour pique-niquer. L'été, c'est vraiment chaud, on aime plutôt y aller en octobre et en novembre, c'est plus agréable.

Une des seules lacunes, c'est la difficulté de faire du vélo. Hong Kong, c'est plutôt montagneux, et si le moindrement on habite en ville, il n'y a pas vraiment de vélo.

Q: Quelle école fréquentent vos enfants?

R: Ils vont au Lycée français international, dans la filière bilingue, avec un enseignement en français et en anglais. On a mis l'accent sur le français, qu'on parle avec eux à la maison, parce qu'on trouvait que c'était plus difficile à apprendre que l'anglais. Cette année, on va accorder plus d'importance au mandarin. Ma femme a décidé de l'apprendre à temps plein, et on va faire suivre des cours supplémentaires aux enfants.

Q: Quels sont les avantages d'élever sa famille à Hong Kong?

R: Comme la main-d'oeuvre est accessible, beaucoup de gens ont des aides ménagères. C'est sûr que ça aide les mères et les pères. Aussi, quand on s'est installés ici, on vivait dans un village d'expatriés qui s'appelle Discovery Bay. Là, il y a beaucoup de soutien de la communauté. Tout le monde est dans le même bateau. Ça aide, quand tu es un jeune père, d'avoir des gens autour qui vivent la même réalité.

Q: Et les désavantages?

R: À l'adolescence, peut-être que mes enfants ne pourront pas s'intégrer totalement. Déjà, après neuf ans à l'étranger, tu deviens un peu apatride. On retourne au Québec, au Canada, mais on n'est plus vraiment attachés. On n'est pas vraiment attachés ici non plus. On est entre deux eaux. C'est un peu bizarre, déstabilisant.

Souvent, rendus adolescents, les enfants veulent explorer leur quartier, leur ville, comprendre tout seuls. Ça va être un peu plus difficile pour les miens, qui vont apprendre le mandarin, mais pas le cantonais, la langue parlée en ville. Les enfants élevés en expatriés développent leurs réseaux, qui sont souvent des réseaux parallèles à la société dans laquelle ils vivent.

Q: Avez-vous célébré la fête des Pères?

R: Oui, j'ai réservé dans un restaurant, pour un brunch. À Hong Kong, on s'aligne sur les fêtes européennes ou nord-américaines. On a souligné deux fêtes des Mères, celle de France et celle du Canada. Pourquoi pas? C'est drôle...

Q: Avez-vous aussi fêté la Saint-Jean?

R: Il y a une petite communauté de Québécois qui fêtent la Saint-Jean à Hong Kong, mais je ne serai pas là, j'ai un vol. Mes enfants ne l'ont jamais fêtée. Mais on leur a fait découvrir le Carnaval de Québec, en février. On leur a montré c'est quoi, du vrai froid. Il faisait -25 lors de la parade!

Hong Kong

Population en 2014: 7,24 millions

Taux de fécondité en 2012: 1,28 enfant par femme

Congé de paternité: Trois jours payés l'équivalent de 80 % du revenu

Québec

Population en 2014: 8 millions

Taux de fécondité en 2014: 1,62 enfant par femme

Congé de paternité: Cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 70 000 $ par an)

Sources: Région administrative spéciale de Hong Kong, ministère du Travail de Hong Kong, Perspective monde Université de Sherbrooke, Institut de la statistique du Québec, Régime québécois d'assurance parentale et Statistique Canada