La vétérinaire Sarah Annie Guénette répond à toutes vos questions sur la manière de prendre soin de vos animaux de compagnie.

Chers lecteurs, chères lectrices,

Au Québec, l'hiver est depuis le début des temps partie prenante de l'alternance des saisons. C'est un temps de ressourcement, de réflexions, de retrouvailles en famille, de joutes de cartes enflammées, mais surtout, un holà magistral aux différents parasites des animaux.

En effet, les températures polaires nous envahissant, certains animaux hiberneront, d'autres hiverneront, et finalement d'autres, les irréductibles qui ont su développer toute une gamme de protections contre les grands froids, resteront actifs l'hiver. Double et même triple poils; duvet, plumes et substances hydrofuges; couches adipeuses monstrueuses; ajustements comportementaux et métaboliques pour conserver et produire de la chaleur... les astuces de la nature qui permettent à ces animaux de survivre aux grands froids ne trouvent de limites que dans la multitude des individus qui la constitue.

Saviez-vous que le Québec abrite les quatre seules espèces de grenouilles connues au monde comme pratiquant la cryoprotection durant chaque hiver que la vie nous impose? Fascinant de penser que ce que Walt Disney avait suggéré se trouvait déjà ici au Québec! En effet, la grenouille des bois, la rainette versicolore, la rainette faux-grillon de l'Ouest et la rainette crucifère produisent toutes, une fois l'automne venu, des niveaux sanguins de glycérol ou de glucose absolument hors-norme, ce qui leur permet ensuite de geler comme un glaçon l'hiver et de revenir à la vie quand les températures redeviennent clémentes au printemps. Le Québec est assurément plein de ressources!

Agissant comme une purge ou tout au moins comme un temps d'arrêt pour bon nombre parasites, l'hiver nous permettait historiquement de ne plus nous soucier de ces envahisseurs pendant un minimum de cinq mois par année. C'est que, durant la saison froide, on ne s'inquiète plus des puces, des vers intestinaux, des tiques ou des moustiques, car pour la plupart, ils passeront l'hiver en dormance au stade de larve, d'oeuf ou d'adulte bien congelé.

Mais attention, ce qui s'appliquait du temps de nos grands-parents subit depuis le début du XXe siècle un changement grave. J'entends par là le réchauffement planétaire.

Et c'est ainsi qu'au rythme des années de faste climatique, une petite envahisseuse tout particulièrement dangereuse s'est introduite progressivement au Québec et dans certaines autres provinces du Canada: la tique du cerf (Ixodes scapularis). Porteuse de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi sensu stricto), elle peut infecter tous les mammifères tels que les chiens, chats, cerfs, souris et... humains, causant une gamme impressionnante de symptômes qui peuvent aller de simples douleurs articulaires à une défaillance rénale et même une encéphalite.

Au cours des dernières années, la prévalence de la maladie de Lyme chez les chiens non vaccinés dans les régions où elle est endémique est passée à 75%, atteignant par le fait même une des premières places au palmarès des maladies infectieuses canines. Entendons-nous bien, la tique du cerf au Québec est le seul organisme capable de transmettre la maladie de Lyme. Vous ne pouvez donc pas attraper la maladie par l'entremise de votre chien ou de votre chat, seulement de la tique même. Par contre, ils peuvent aisément servir de transport à une tique infectée qui arrivera ainsi dans votre cour où vous et votre famille jouez dans l'herbe.

La lutte contre cette maladie s'effectue donc en deux temps: primo, par la vaccination de votre chien contre la Lyme et secundo, par l'élimination des tiques par l'administration de produits anti-tiques à votre chien pour l'empêcher de transporter la tique dans vos quartiers. Protégez donc votre famille en protégeant votre chien! Parlez-en à votre médecin vétérinaire, il saura vous accompagner dans vos choix de protection.

Des questions? Chers lecteurs, chères lectrices, à vos claviers et écrivez-moi: pause@lapresse.ca