L'éclosion de la rougeole au Québec au début de l'année a ravivé de plus belle le débat sur la vaccination des enfants. Mais qu'en est-il chez nos compagnons à quatre pattes? La vétérinaire Sarah Annie Guénette revient, pour La Presse, sur les bases de la vaccination canine.

S'ils ne sont que très peu nombreux, certains propriétaires font le choix de ne pas faire vacciner leur chien ou, du moins, de ne pas respecter la fréquence de vaccination recommandée par leur vétérinaire. Même dans le cas de la rage, rien ne les oblige à le faire. Mais de nombreux risques, tant pour leur animal que pour leur entourage, doivent être pris en compte dans leur décision. Selon les habitudes de vie de votre compagnon, il peut en effet être occasionnellement ou fréquemment à risque de contracter une maladie couverte par les vaccins offerts sur le marché. Outre les réactions allergiques vaccinales possibles dans certains cas (plus fréquentes chez les petits chiens blancs), aucune étude ne prouve à ce jour que les vaccins sont nocifs pour nos compagnons à quatre pattes. Seule la durée de leur efficacité est parfois remise en question.

Rage: tous les trois ans

«Le premier vaccin à donner, c'est la rage, explique la Dre Guénette. Quand on a un animal de compagnie, on a la responsabilité sociale qu'il ne soit pas une menace pour notre famille ou notre entourage. Il y a des cas de rage au Québec chaque année. C'est plus qu'un risque! La rage est une zoonose [maladie transmissible des animaux aux humains] et elle peut être fatale.»

Au Canada, les animaux qui sont le plus souvent le vecteur de la rage sont les renards, les mouffettes, les chauves-souris et les ratons laveurs. En 2013, au Québec, 15 cas ont été rapportés, soit 14 cas provenant de chauves-souris et 1 d'une mouffette. Par contre, en 2012, cinq cas de rage chez le chien avaient été rapportés.

«Parce que aucune recherche ne prouve que le vaccin de rage a une efficacité de plus de trois ans, il serait imprudent de retarder la revaccination sans faire un titrage de rage», explique le Dre Guénette.

Leptospirose: tous les ans

Comme la rage, la leptospirose peut être transmise à l'homme puisqu'il s'agit d'une zoonose bactérienne. «Si les gens n'ont pas beaucoup de moyens et doivent choisir, je leur recommande de faire vacciner en priorité leur chien contre la rage et la leptospirose pour protéger leur famille», indique la Dre Guénette. Cette maladie complexe peut causer des symptômes très variés, car cette bactérie s'attaque principalement aux reins, mais peut aussi affecter le foie, les poumons et plusieurs autres organes.

Vaccin de base (DAPP): tous les trois ans

Le vaccin de base protège votre animal contre quatre maladies virales très contagieuses entre chiens et potentiellement mortelles: le distemper, l'hépatite infectieuse canine, le parvovirus et le parainfluenza.

«Le parvovirus est encore un des plus gros tueurs de chiens. Ça fait une gastroentérite hémorragique foudroyante», explique la Dre Guénette.

Toux de chenil et maladie de Lyme: tous les ans

La toux de chenil ou Bordetella bronchiseptica provoque une trachéobronchite, c'est-à-dire une inflammation de la trachée et des bronches. Lors de l'adoption d'un nouveau chiot, il faut idéalement attendre 10 jours avant de le mettre en contact avec un autre chien (le vôtre ou celui de votre entourage), car il pourrait être infecté et ne démontrer des signes que quelques jours après l'adoption.

Transmise par les tiques, la maladie de Lyme est quant à elle de plus en plus présente au Québec. En effet, en 2013, 70 personnes ont contracté la maladie de Lyme dans la province. «La vaccination protège le chien, mais pas les humains des tiques transportées par le chien qui pourraient entrer chez vous. Il faut donc faire appel à un antiparasitaire», précise Sarah Annie Guénette.

Le titrage d'anticorps est un procédé intéressant qui permet de s'assurer que le vaccin est toujours actif dans le système de votre compagnon, et donc de déterminer si une revaccination est nécessaire. Mais il vous en coûtera entre 230 et 300 $ pour effectuer ce test sanguin. «Lors de la vaccination, le système immunitaire va développer une mémoire à long terme et des anticorps. Pour être efficaces, ces anticorps doivent être présents dans une certaine concentration. Le titrage va permettre de faire ce calcul grâce à une prise de sang. Il s'agit d'ailleurs d'un test obligatoire pour voyager dans certains pays d'Europe », explique Sarah Annie Guénette.