Des bouteilles prestigieuses provenant des plus grands domaines de France. Magnums, doubles magnums et jéroboams identifiés par une puce électronique. Vous n'êtes pas dans le cellier d'un grand restaurant à Paris ou à New York, mais bien au Coureur des bois, le petit restaurant de l'hôtel Rive Gauche, à Beloeil.

Depuis son ouverture, il y a 35 ans, l'établissement de la Montérégie a toujours offert une table respectable et une belle sélection de vins. Mais il a subi une cure de jeunesse sans précédent depuis qu'il a été repris par la Société de gestion Cogir, en 2008.

«On a enlevé la classique salle à manger avec des nappes blanches, le cellier sur un pan de mur, le tapis au sol, la musique classique, pour arriver avec un bistro culinaire complètement différent et nouveau», explique la directrice générale Marie-Josée Denis.

Le décor est épuré, sobre et moderne. Des plants de basilic frais sont installés sur chaque table. Des panaches de caribous et de chevreuils ornent les murs. Des trophées de chasse qui rappellent qu'au Coureur des bois, on sert des produits locaux et frais.

La cuisine de style bistro est goûteuse et raffinée. La guédille de homard en entrée est bien assaisonnée. Les champignons de la Gaspésie qui accompagnent le veau sont savoureux. Le burger de boeuf Wagyu à la truffe est l'un des meilleurs jamais mangé tant l'harmonie des saveurs est parfaite.

Les plats sont bons, mais c'est du côté des vins que la magie du restaurant opère. Le cellier vitré installé au milieu de la salle à manger ne laisse pas imaginer qu'au sous-sol se trouve l'une des plus belles caves à vin du Québec.

Il suffit de demander à être guidé dans la cave pour découvrir l'importance de la collection. Le directeur Ian Purtell se prête volontiers à l'exercice, offrant une couverture rouge aux clients pour ne pas qu'ils prennent froid dans la pièce climatisée.

Une fois le jeté posé sur les épaules, la porte s'ouvre et l'expérience est totale. Au centre de la pièce, un présentoir expose une série de bouteilles du célèbre château Pétrus à Bordeaux. Le restaurant collectionne un exemplaire de chaque vendange depuis 1979.

Un peu plus loin, des bouteilles de 1,5 L de la Romanée-Conti sont posées sur une étagère spécialement conçue pour ces grands formats.

Les tablettes sont numérotées et contiennent beaucoup de vins français, mais aussi de grands crus des vignobles américains comme ceux d'Opus One, en Californie.

Lorsque vous pensez avoir fait le tour, le sommelier pousse une petite porte et on se retrouve dans une nouvelle section de la cave, inaugurée il y a quelques mois à peine.

«Ça fait à peine 10 mois qu'on a agrandi la cave, explique M. Purtell. Elle est déjà pleine.»

Une centaine de bouteilles proviennent de la collection de Champlain Charest, du légendaire restaurant Bistro à Champlain, dans les Laurentides, qui a fermé ses portes l'an dernier. À l'image de ce qui se faisait là-bas, le propriétaire du Coureur des bois, l'homme d'affaires Mathieu Duguay, ajoute sans arrêt de nouvelles bouteilles sur les tablettes. Si bien que sa collection se retrouve déjà dans le palmarès annuel du Wine Spectator.

Le célèbre critique de vins Robert Parker a visité les lieux lors d'un récent passage au Québec, en mai. Il en a profité pour signer quelques bouteilles.

La visite de la cave fait rêver, mais on n'a pas besoin de dépenser une fortune pour bien boire au Coureur des bois. La carte propose une belle sélection de vins au verre, allant d'un vin plus rare comme un blanc de Pierre Overnoy à 24$ le verre au Fumé blanc de la maison Errazuriz à 8$. On trouve aussi des vins du Québec, de l'Ontario et même des bouteilles bon marché comme le Jaja de Jau du sud de la France.





PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Repères

La table du chef



Le Coureur des bois invite les gourmands à manger... dans la cuisine. L'établissement a créé une section privée, vitrée et climatisée qui permet d'observer le chef et ses aides-cuisiniers à l'oeuvre. Le menu de sept services est aussi différent de celui offert dans la salle à manger. Le prix: 129$ par personne ou 179$ avec les vins. Pour les amoureux du champagne, le menu peut être accompagné des bulles de la prestigieuse maison Ruinart pour 279$. Réservation fortement recommandée.

La carte des vins sur iPad



La carte des vins du restaurant peut être intimidante avec ses 116 pages de bouteilles. Pour faciliter l'approche, la carte des vins est présentée sur une tablette iPad. Les bouteilles sont classées selon la couleur du vin, le prix, la disponibilité au verre, les choix du Wine Spectator et même selon les coups de coeur de «Jean-Pierre et Ève», des habitués qui aiment les vins de Saint-Émilion. «On ne veut pas que les gens pensent qu'ils n'ont pas les moyens de fréquenter notre restaurant, dit la directrice générale Marie-Josée Denis; 75% de nos ventes sont des vins de 50$ à 500$.»

La puce sur les bouteilles



Avec plus de 12 000 bouteilles en cave, il faudrait trois hommes à temps plein, selon la directrice de l'établissement, pour gérer les bouteilles. La solution? Le Coureur des bois fait affaire avec l'entreprise Celliers intelligents, qui a installé une puce électronique sur chaque bouteille pour connaître en temps réel la valeur du vin sur le marché, son emplacement dans la cave et le meilleur moment pour l'ouvrir. - Karyne Duplessis Piché, collaboration spéciale