Neuville, en banlieue de Québec, est bien connue pour son maïs et peut-être aussi bientôt pour son vin. C'est du moins le rêve de Pio Bégin et Monick Valois, propriétaires du seul vignoble dans la région de Portneuf, le Domaine des 3 moulins.

Le vignoble se trouve au milieu d'un boisé touffu, situé entre la route 138 et le fleuve. Ici, il n'y a pas de champs à perte de vue. Les vignes poussent plutôt sur des parcelles isolées, au milieu des arbres, bercées par le son de la rivière Matte.

Sur la terrasse, on devine le fleuve qui coule à moins d'un kilomètre des installations. On remarque aussi des amas de pierres près des rangées de vignes.

«Quand on a défriché la terre en 2002 pour planter les vignes, on a découvert les restes de trois moulins», raconte Pio Bégin.

«C'était un beau cadeau», poursuit ce passionné d'histoire.

L'architecte de profession venait aussi de trouver le nom de son vignoble.

Neuville: un sol unique

Rien ne prédestinait le couple Bégin-Valois à lancer un vignoble. Comme bien des Québécois, ils aimaient le vin et ils organisaient des dégustations entre amis. C'est lorsqu'ils ont trouvé des vignes sauvages sur leur terre qu'ils ont eu l'idée d'en planter.

Pendant près de 10 ans, le couple a planté, testé des cépages et vendu des raisins à d'autres vignobles. Il a opté pour des vignes hybrides, plus résistantes aux rudes hivers. Le domaine commercialise ses bouteilles depuis 2011. Il propose quatre cuvées, un blanc, un rosé, un rouge et un vin fortifié.

Le vignoble compte 7500 plants répartis sur trois parcelles. Sur la dernière défrichée, la vigne pousse dans un sol unique composé de sable et de coquillages.

«Ce sont les restes de la mer de Champlain», explique Aurélien Angeart, chargé de la viticulture au domaine.

Ce sol fait le bonheur des cultivateurs maraîchers de la région, en particulier ceux de maïs. Les fragments de coquillages aident à la fois au drainage et au réchauffement du sol.

Les Bégin-Valois comptent bien tirer profit de cet atout. Ils souhaitent agrandir leur domaine afin d'en augmenter la production. Car à la fin de la belle saison, raconte M. Angeart, les bouteilles manquent et l'achat est souvent rationné pour les visiteurs.

D'autres bouteilles, encore plus rares celles-là, se bonifient dans les caves du vignoble. Avec l'aide de l'oenologue-conseil Richard Bastien, ils ont élaboré du mousseux.

«Le Québec a un beau potentiel pour le vin mousseux, dit Aurélien Angeart. On a voulu essayer.»

Les 274 bouteilles seront prêtes l'an prochain.

À déguster

Pique-nique pour oenophile

Les tables à pique-nique, posées ici et là dans le vignoble, invitent les visiteurs à y casser la croûte. Les propriétaires laissent même les plus dégourdis faire trempette dans la rivière. Seule condition: il faut se procurer une bouteille. L'achat vaut le coup, puisque la dégustation est payante au coût d'un dollar pour chaque vin. Les gourmands trouveront aussi des gelées à base de vin pour garnir leur lunch.

Le moulin à grain 2014

Cet assemblage de différents raisins blancs, dont le vandal-cliche, le seyval et le st-pépin, est parfait pour les chaudes journées d'été. Son acidité est élevée et rafraîchissante. On goûte les agrumes et la texture en bouche est agréable. 14,5 % 18 $

Le moulin à carde 2013

Ce rouge à base de maréchal foch rappelle l'été. Dans le verre, on sent les cerises noires et le bois. On goûte les fruits mûrs, dont les fraises. L'élevage en fûts de chêne américain est bien intégré. Belle réussite. 12,5 % 18 $

Le domaine est situé sur la route 138, aussi connue sous le nom de «chemin du Roy». Il se trouve à 25 minutes de Québec. Depuis Montréal, on prend la sortie 281 de l'autoroute 40, direction Neuville. La route 365 Sud mène au chemin du Roy, où on tourne à droite pour se rendre à l'entrée du vignoble.