Pas question de retirer quoi que ce soit au mérite d'Eugenie Bouchard. Accéder au troisième tour des Internationaux des États-Unis, ce n'est pas de la petite bière, surtout pas pour une joueuse qui vient de traverser la pire période de sa jeune carrière. Mais il faut dire les choses comme elles sont: la Québécoise de 21 ans n'a pas encore eu à se mesurer à une adversaire d'envergure à New York.

Or, en début d'après-midi aujourd'hui, tout cela changera lorsque Bouchard foulera le court du stade Louis-Armstrong pour y affronter Dominika Cibulkova. La Slovaque de 26 ans ne doit son rang actuel (50e) qu'à une absence de près de cinq mois due à une blessure au tendon d'Achille. Au meilleur de sa forme en 2014, elle a participé à la finale des Internationaux d'Australie et, trois mois plus tard, atteint le 10e rang mondial.

Et lundi, sur le court du stade Arthur-Ashe, elle a confirmé son retour en force en surprenant Ana Ivanovic, septième tête de série, en trois manches.

«Cibulkova est un plus gros test que les deux premiers tours», a reconnu hier Sylvain Bruneau, responsable de l'élite féminine à Tennis Canada. «[Eugenie] va devoir jouer un très bon match à plein de niveaux, mental, physique, etc. Il va falloir que tout soit au rendez-vous.»

L'intéressée n'a pas dit autrement.

«[Cibulkova] a fait une finale de Grand Chelem, alors il y a une raison pour ça. Elle est une très bonne joueuse», a déclaré Bouchard, hier, après avoir remporté un match de double avec la Russe Elena Vesnina, 7-5 et 6-2, contre l'Américaine Madison Brengle et l'Allemande Tatjana Maria.

À New York depuis le début des Internatiomaux, Sylvain Bruneau dit avoir bon espoir de voir Bouchard rehausser encore le niveau de jeu qui lui a permis d'éliminer successivement l'Américaine Alison Riske et la Slovène Polona Hercog. Quand on lui demande ce qu'il a retenu des performances de sa compatriote à Flushing Meadows, il ne cherche pas ses mots.

«Surtout sa combativité, qui était de loin supérieure à l'ensemble de ses matchs que j'ai vus cette année, peut-être à l'exception de celui de Toronto, où j'ai noté quelques bons signes malgré la défaite contre [la Suissesse Belinda] Bencic», a dit Bruneau.

Meilleure énergie

Le capitaine de la Fed Cup a également remarqué l'énergie de Bouchard, «qui n'est pas encore parfaite, mais qui est beaucoup mieux. Sinon, dans son jeu, elle a beaucoup mieux servi, avec plus de puissance. Sa mobilité est également meilleure. Elle avance dans le terrain, elle joue plus vite, de façon plus incisive et offensive. Je trouve que c'est positif».

Si Bouchard parvient à renverser Cibulkova - un assez gros si -, elle aura la chance de disputer dimanche un huitième de finale en présence de son nouveau mentor, Jimmy Connors, qui a travaillé avec elle avant les Internationaux des États-Unis et qui communique avec elle quotidiennement au téléphone depuis le début du tournoi. Bruneau estime que l'ancien champion de tennis peut se vanter d'avoir contribué au succès de sa protégée à New York.

«Jimmy Connors, tout le monde le connaît, c'est une légende du tennis, a-t-il dit. C'était l'incarnation de la combativité. Pendant les quelques jours où il a été avec [Eugenie], je pense qu'il a essayé de lui faire des rappels. Pas nécessairement des choses qu'elle n'a jamais entendues, mais quand ça vient de quelqu'un comme lui, ça atteint la cible. Je pense qu'il a eu une bonne influence.»

Cibulkova, elle, n'a rien à envier à personne, côté combativité (Bruneau la qualifie d'ailleurs de «pitbull»). Et elle semble déterminée à poursuivre sa route à New York, même si elle reconnaît en Bouchard une adversaire de taille.

«Elle a remporté les deux premiers tours. Elle aura une plus grande confiance», a déclaré la Slovaque après avoir participé à un match du double féminin. «Je suis sûre qu'elle n'a pas oublié le tennis qu'elle a joué l'an dernier. Mais, comme vous pouvez le voir ici, tout dépend du mental. Si votre tête n'est pas présente à 100%, si vous n'y allez pas à fond, ça paraîtra tôt ou tard.»

Mais Cibulkova en avait déjà trop dit au sujet de Bouchard. «Je me concentre seulement sur moi-même», a-t-elle ajouté en se réjouissant de ses performances aux Internationaux des États-Unis.

«Mon jeu revient, a-t-elle dit. Ce n'est jamais facile parce que je suis le genre de joueuse qui vise les lignes, qui frappe la balle tôt, et cela demande une confiance en ses moyens. C'est ce qui se passe maintenant. Et je sais ce que ça prend pour aller loin dans un Grand Chelem.»

Bouchard pourrait dire la même chose. Mais pourra-t-elle aussi crier victoire aujourd'hui?

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