Avec la performance qu'il a offerte dans la nuit de samedi à dimanche face à James DeGale, Lucian Bute peut entrevoir l'avenir - à court terme du moins - d'un très bon oeil.

Même en s'inclinant par décision unanime des juges face au champion des super moyens de l'International Boxing Federation, Bute a démontré un immense courage et une boxe d'un calibre qu'on ne l'avait pas vu offrir depuis bien longtemps. De mémoire, il faut remonter à ses affrontements de 2010 et 2011 face à Jesse Brinkley et Brian Magee pour se souvenir d'un Bute aussi incisif, démontrant une telle hargne.

Cette performance n'est d'ailleurs pas passée inaperçue dans les hautes sphères de la boxe.

« La conclusion de tout le monde aujourd'hui, autant chez Showtime que pour Al Haymon, c'est qu'il n'y a pas eu de perdant, a déclaré après le combat Yvon Michel, président de GYM et copromoteur de l'événement. James DeGale conserve sa couronne, mais Lucian Bute est une grand gagnant aujourd'hui. »

« Je pense que Lucian a prouvé qu'il appartient toujours à l'élite mondiale », a pour sa part lancé Jean Bédard, président d'InterBox. On peut difficilement être en désaccord avec lui après la prestation de Bute au Centre Vidéotron. Même DeGale a été surpris.

« Un peu oui, même si je ne l'ai jamais pris à la légère, a-t-il dit aux petites heures de la nuit, après avoir subi un test antidopage et reçu quelques points de suture au-dessus de l'oeil gauche, coupé au cinquième assaut. C'est un bon boxeur - il n'a pas été champion aussi longtemps pour rien. [...] Il a démontré beaucoup de coeur et je me dois d'être honnête: Bute l'a encore. Il lui reste quelques années de boxe, très certainement. »

Quant à la décision - deux fois 117-111 et une carte de 116-112 - s'il n'est pas tout à fait d'accord, Bute l'accepte, mais soulève quelques questions.

« C'était un combat très, très serré. J'ai lancé mes meilleurs jabs ce soir. J'étais agressif et il a couru pas mal ce soir, a-t-il analysé. Je ne veux pas prétendre que j'ai gagné le combat, mais quand un gars court presque sans arrêt et que les juges lui donnent pas mal de rounds, je suis sceptique. On va visionner le combat avec mon équipe et on va voir exactement ce qui s'est passé.

«J'ai donné le meilleur de moi-même [samedi] soir. Je suis content et je respecte la décision. DeGale est un grand champion et si les juges veulent lui donner la décision, je respecte ça.»

Alvarez a Stevenson dans sa ligne de mire

En demi-finale, Eleider Alvarez a inscrit une victoire par décision majoritaire face au Sud-Africain Isaac Chilemba, devenant ainsi l'aspirant obligatoire au titre des mi-lourds du World Boxing Council, détenu par Adonis Stevenson, son coéquipier chez GYM.

Lorsque Jean Pascal était devenu l'aspirant obligatoire à cette ceinture en défaisant Bute en janvier 2014, Yvon Michel avait alors déclaré qu'il ne s'agissait que d'une position stratégique lui permettant d'avoir mainmise sur la ceinture et que jamais deux boxeurs de son écurie allaient s'affronter.

Cette fois-ci, il a tenu un discours différent.

«La différence entre Eleider et Jean, c'est qu'Adonis doit maintenant effectuer une défense obligatoire, ce qu'il n'avait pas à faire contre Jean, puisqu'il venait d'en accorder une à Tony Bellew, a indiqué le promoteur. La seule chose qui pourrait permettre à Adonis de ne pas livrer ce combat, c'est s'il livre un combat d'unification [contre Sergey Kovalev ou Pascal, qui pourrait rafler les trois titres du Russe le 30 janvier] ou qu'Eleider ait un empêchement. Sinon, il sera mis au calendrier dans les prochaines semaines.»

Stevenson et Kovalev se sont croisés en bordure du ring samedi et auraient convenu de s'affronter en juin. Avant de s'emporter, les amateurs de boxe devront toutefois attendre que Main Event, GYM, HBO, Al Haymon et les réseaux affiliés au Premier Boxing Champions s'entendent, ce qui est loin d'être fait.

Un choc Stevenson-Alvarez semblait beaucoup plus probable que le duel le plus attendu des mi-lourds au moment d'écrire ces lignes.