Dans exactement une semaine, Adonis Stevenson mettra de nouveau en jeu son titre WBC des mi-lourds en affrontant Tommy Karpency, au Ricoh Coliseum de Toronto. Même si on prévoit que les 6000 sièges de l'enceinte seront occupés, le combat est loin de susciter un grand enthousiasme sur la planète boxe.

Dès le moment où on a annoncé que Stevenson (26-1, 21 K.-O.) croiserait le fer avec Karpency (25-4-1, 14 K.-O.), un Américain de 29 ans classé au neuvième rang du WBC chez les 175 lb, le concert de critiques à l'endroit du boxeur québécois a repris là où il avait été laissé. Encore un adversaire de qualité inférieure, ont déploré certains. Quand finira-t-il par affronter Sergey Kovalev, ont demandé d'autres.

«Il y aura toujours des critiques, s'est défendu Stevenson hier, lors d'une séance d'entraînement publique à son gymnase de Montréal. Regarde Floyd [Mayweather]. Il se bat contre [Andre] Berto et il se fait encore critiquer. Même lorsqu'il s'est battu avec [Manny] Pacquiao, il s'est fait critiquer. Il y aura toujours des critiques dans la boxe. Ça a toujours été comme ça.»

Nombreux sont ceux qui sont d'avis que l'étoile de Stevenson, qui aura 38 ans dans deux semaines, n'a cessé de pâlir depuis qu'il a mis la main sur sa ceinture en terrassant Chad Dawson en 76 secondes au Centre Bell, le 8 juin 2013. Le principal intéressé réfute cependant ce point de vue.

«Je n'ai pas cette impression, car je suis encore champion, fait valoir le pugiliste. Si je n'étais pas si bon que ça, je ne serais pas là où je suis présentement. Au début, on ne me donnait pas beaucoup de chances contre Chad Dawson. On disait que j'allais perdre, que je n'étais pas le favori. Les gens vont toujours parler, et moi, je ne porte pas attention à ça.»

Objectif: l'unification

Si les amateurs de boxe déçus doivent continuer de prendre leur mal en patience, Stevenson espère pouvoir offrir à son public quelque chose à se mettre sous la dent en disputant un combat d'unification des titres mondiaux. Son promoteur Yvon Michel et lui ajoutent qu'ils espèrent pouvoir organiser un tel événement quelque part l'année prochaine.

«C'est prestigieux et c'est mondial, affirme Stevenson. Je suis sûr que d'ici 2016, ça devrait se faire. [...] Il n'y a jamais eu personne qui les a unifiés au Canada. J'aimerais apporter ça aux gens d'ici.»

Mais voilà, s'ils veulent atteindre cet objectif, Stevenson devra sans doute finir par rencontrer Sergey Kovalev dans le ring, qui a les titres WBO, WBA et IBF des mi-lourds en sa possession.

On connaît trop bien la saga parfois rocambolesque qui entoure ces deux boxeurs depuis qu'un premier duel a avorté en 2014. Encore récemment, un appel d'offres pour l'organisation d'un choc Stevenson-Kovalev a échoué lorsque le clan du Russe a choisi de s'en retirer.

«Je pousse pour que [Yvon Michel et mon gérant Al Haymon] puissent régler ça, mais il faut aussi que l'autre côté soit d'accord, souligne Stevenson. Ils ont plutôt l'air de vouloir offrir des défenses [du titre] à Kovalev.

«Ils auraient eu une offre. J'aurais boxé avec Kovalev, il aurait fait 8 ou 9 millions et moi, 10 ou 12 millions. Pour moi, c'est intéressant, sauf que son équipe n'a pas voulu prendre la chance. Ils ont utilisé l'appel d'offres pour négocier avec HBO. HBO aurait pu mettre l'argent, et ils ne l'ont pas fait.»

«Je veux donner ça aux amateurs»

Pendant ce temps, chez les poids moyens, un certain David Lemieux, champion de l'IBF depuis juin, s'apprête justement à livrer un combat d'unification contre Gennady Golovkin, le 17 octobre à New York. Stevenson ne trouve-t-il pas décevant de voir un collègue qui n'est champion que depuis quelques mois avoir la chance d'unifier les titres, alors que lui-même patiente depuis deux ans?

«Lemieux et Golovkin sont avec HBO et ils ont été capables de négocier, note Stevenson. C'est certain que ç'a été beaucoup plus facile. Si Kovalev avait été avec Al Haymon, ç'aurait été réglé en deux minutes. Souvent, les boxeurs veulent, mais c'est vraiment compétitif entre [HBO et Haymon].

«Quand ça se fera, je pense que les amateurs seront gagnants, et je veux donner ça aux amateurs», ajoute-t-il.

D'ici là, ceux-ci devront se contenter de Tommy Karpency. Et continuer d'espérer.