Qui a dit que le soccer tardait à faire sa place dans les médias? Preuve que la cause avance, la semaine dernière, pendant un autre hiatus dans le calendrier de l'Impact et alors même que Montréal était étourdie par les vroum vroum de la F1, on a parlé de soccer sur toutes les tribunes.

Sauf que les commentateurs du moment ne semblaient pas intéressés à s'épivarder sur les prouesses de Paolo Del Piccolo lors des rencontres de ligue réserve (il s'agit d'un joueur à l'essai avec le Bleu-blanc-noir). Comme quoi l'attention médiatique pour le ballon rond n'a rien à voir avec ce que la presse sportive rapporte habituellement avec minutie durant la saison morte de nos Glorieux.

La tendance actuelle porte à croire que les Québécois s'intéressent au soccer à coups d'événement. MLS, Beckham, Coupe du monde, certes. Mais n'oublions pas les enquêtes sur les coups à la tête ou encore les périls d'autoriser un turban sur le terrain. D'ailleurs, le débat suscité par l'interdiction du couvre-chef sikh par la Fédération de soccer du Québec (FSQ) et la suspension subséquente par l'Association canadienne de soccer font mal paraître un organisme qui n'en finit plus de se mettre les pieds dans les plats. D'autant plus que la FSQ - qui gère le sport le plus pratiqué de la province - peine à donner de la visibilité aux événements qu'elle organise. Saviez-vous que c'était la semaine du soccer du 27 mai au 2 juin? Ironie, quand tu nous tiens.

Chose certaine, cette attention soudaine n'aidera malheureusement pas à faire développer la qualité d'un sport qui, malgré sa popularité - et son accessibilité! - tarde à se mettre en deuxième vitesse pour améliorer la qualité du jeu dans la Belle Province. Ce n'est pas en faisant parler d'eux parce qu'ils se sont encore enfargés dans les fleurs du tapis que les dirigeants de la FSQ vont améliorer la situation.

Pour ce qui est de mon opinion sur la question - il faut bien assumer son rôle de chroniqueur -, je ne vois pas vraiment de problème à ce qu'un joueur porte le fameux turban pour jouer au soccer. J'avais envie de faire une allusion aux curés qui jouaient dans la cour d'école en soutane - du moins, dans le cinéma italien -, mais je sais bien que vous me direz que ça ne se passe pas ainsi en match officiel. Mais si la FIFA tolère déjà les bandeaux de Ronaldinho...

Projet rassembleur

Autrement, la vie de sélectionneur n'est pas de tout repos. Les discussions s'accumulent avec les joueurs, leurs entraîneurs et les dirigeants de clubs dans le but d'assembler une équipe de Québécois pour nous représenter à Marseille dans le cadre du Tournoi des Peuples, Cultures et Tribus à la fin du mois. Le pouvoir de persuasion et l'art du compromis m'apparaissent soudainement aussi primordiaux pour la réussite du projet que les connaissances tactiques ou les discours motivateurs.

Qu'à cela ne tienne, l'ossature de la formation est déjà en place et ce n'est pas sans fierté que je me permets de dévoiler que la sélection comprend des joueurs d'origines très variées: anglos, francos, voire allos. Hasard ou dessein intelligent? Bref, la première mouture de l'équipe nationale sera un véritable métissage de «Québécois qui s'unissent sous la fleur de lys».

En espérant qu'un jour, la Fédération de soccer du Québec voie d'un bon oeil notre projet et choisisse de parrainer cette entreprise qui se veut rassembleuse. Qui sait, la FSQ pourrait peut-être même profiter d'une réception positive au-delà de ses propres espérances? On peut bien rêver. Pour ma part, le temps est venu d'aller étudier l'opposition de Provence, du Ladakh et du Nagaland. Vivement qu'on se retrouve sur le terrain!