En passant de chambre en chambre, hier après-midi au CHU Sainte-Justine, Didier Drogba, l'attaquant, s'est effacé derrière Didier Drogba, l'être humain et le père de famille. Sa mission n'était plus d'aller droit au but, mais plutôt de remonter le moral à de jeunes patients et de les toucher droit au coeur par un geste ou une parole.

Badin et souriant, il n'est pas resté insensible en quittant certaines chambres. Il faut dire que la cause des enfants lui tient à coeur depuis très longtemps déjà. Par le truchement de sa fondation, il a récemment ouvert un hôpital, en Côte d'Ivoire, destiné majoritairement à donner des soins aux mères et aux enfants.

«C'est dans ces moments-là qu'on relativise un but raté, une défaite, une déception ou toutes les émotions que l'on peut vivre. Vraiment, il faut les encourager et être avec eux. C'est difficile de trouver les mots, mais il faut essayer de leur apporter notre soutien, a-t-il lancé entre deux visites, hier. [...] L'athlète professionnel, on s'en fout [dans ces moments-là]. C'est l'être humain et père de famille qui parle à une mère de famille.»

Au Centre de cancérologie Charles-Bruneau, Drogba ainsi qu'Ambroise Oyongo, Dilly Duka et Calum Mallace ont distribué fanions, ballons et billets. C'est toutefois l'Ivoirien qui était le plus populaire et le plus reconnu chez les jeunes malades. «Drogba, il est pas pire, lui», a déclaré Brandon, qui suit pourtant très peu l'Impact. Un peu plus loin, le regard d'un jeune partisan, arborant une casquette du club, s'est illuminé quand il a vu, au milieu d'un couloir bondé, le nom de Drogba inscrit dans le dos du joueur. Plutôt que de profiter d'une journée à l'extérieur, le garçon avait préféré rester à l'hôpital afin de croiser quelques-unes de ses idoles.

Encore une fois, la visite a été appréciée et saluée par les parents. «On se rend compte que tout le monde est humain. Ce n'est pas parce qu'ils sont des vedettes qu'ils ne remettent pas les pieds sur terre pour redonner au suivant, a affirmé Marc Gibeau. C'est super sympathique de leur part de prendre un peu de leur temps pour dire un petit allô et donner le sourire à ma fille et aux autres enfants. Ça fait chaud au coeur.»

Même le personnel du centre hospitalier a profité de la visite de l'Impact pour garder un souvenir photographique de celui qui, en si peu de temps, est devenu un ambassadeur de choix. «Je le suis depuis qu'il est à Marseille [en 2003-2004]», a glissé l'une des infirmières. «Le football, c'est une véritable passion à la maison», a ajouté une seconde, d'origine péruvienne, tout en saluant, de la main, le quatuor de joueurs.

Le reste de la délégation arpentait d'autres services de Sainte-Justine, ainsi que ceux de l'Hôpital de Montréal pour enfants. Dans l'un ou l'autre établissement, on pouvait compter sur les Laurent Ciman ou Oyongo pour injecter une dose de bonne humeur. «Ça fait mal de voir des enfants qui n'ont pas la chance d'être en bonne santé, mais c'est un plaisir de venir leur donner le sourire, a expliqué le défenseur camerounais. J'aime bien les enfants et ça me permet de jouer et de blaguer avec eux. Ils sont ici, entre quatre murs, à attendre la guérison. Je me permets de leur redonner le sourire, ça fait une belle journée et ils se sentiront bien pendant une ou deux semaines.»