Il y a de bonnes pièces de théâtre sur Broadway, et il y a aussi des comédies dramatiques. Le plus récent chapitre des négociations entre la Ligue nationale de hockey et ses joueurs est assurément à classer dans la deuxième catégorie.

Dans la ville des comédies musicales et des grands théâtres, joueurs et propriétaires ont choisi de monter leur propre pièce, jeudi soir à New York. Sauf que la grande finale n'a pas été un succès. Au contraire, on pourrait parler d'un solide flop.

Au terme de trois jours de réunions souvent interminables, la ligue et le syndicat des joueurs sont repartis chacun de leur côté, jeudi soir, sans avoir pu trouver une solution à ce lock-out qui dure depuis la mi-septembre.

Le coup de théâtre est survenu en soirée, quand Don Fehr, le patron des joueurs, est arrivé devant les caméras avec une longue déclaration chargée d'optimisme, laissant clairement entendre que les deux parties étaient tout près d'une entente.

«Nous croyons avoir une entente en ce qui trait aux aspects financiers de la convention collective», a-t-il répété.

Les joueurs, dont Sidney Crosby, étaient occupés à accorder des entrevues quand un représentant du syndicat leur a demandé de retourner sur la petite scène pour attendre la suite.

De longues minutes se sont écoulées avant que Donald Fehr ne revienne prendre la parole, d'un air plus sombre cette fois-ci, confirmant que la ligue venait de rejeter la dernière contre-proposition des joueurs. C'est Steve Fehr, le numéro deux du syndicat, qui a reçu la mauvaise nouvelle... sur la boîte vocale de son portable.

«Vous pouvez dire aux fans qu'il appert que cette dispute ne sera pas résolue dans un avenir immédiat», a laissé tomber Don Fehr.

Les joueurs sont sortis en silence, l'air défait. «C'est très décevant», a résumé l'attaquant Brad Richards, des Rangers de New York, en partant.

Selon le commissaire Gary Bettman, un «écart important» sépare toujours les deux groupes. Les sujets de la discorde sont les suivants: la limite sur la durée des contrats accordés aux joueurs (une limite que la ligue veut établir à cinq ans), la durée de la convention collective, ainsi que la question des rachats de contrat et des montants placés en fiducie.

La ligue insiste pour que le prochain contrat de travail soit un contrat de 10 ans, avec clause échappatoire après la huitième année. Les joueurs, eux, veulent un contrat de cinq ou six ans.

«La réponse de la Ligue nationale est une déception, a ajouté Don Fehr. Nous devons trouver une façon d'en arriver à une entente, si cela est possible.»

Les rencontres des derniers jours ont donné lieu à des moments tendus, et Gary Bettman ne l'a pas caché. Entre autres quand les propriétaires ont choisi d'ajouter 100 millions de dollars à la somme intégrale («make whole») accordée au syndicat. «On leur a donné 100 millions de plus, et comme réponse, les joueurs ont été étonnamment silencieux, a-t-il raconté. Les propriétaires étaient hors d'eux... Tout ce qu'on a offert aux joueurs cette semaine, ça ne tient plus.»

Reste à voir si les acteurs de ce drame interminable pourront se remettre de cette semaine désastreuse à New York, qui a commencé mardi par des sourires et de l'optimisme à la pelle, avant de se conclure avec deux groupes qui, encore une fois, ne semblent pas du tout sur la même planète.

Jeudi soir, le leader des joueurs a affirmé que les deux parties étaient tout près d'une entente... et 30 minutes plus tard, le leader du circuit a affirmé que les deux parties étaient très loin d'une entente!

Il y aura des liens à réparer, sans aucun doute. Le défenseur Ron Hainsey a raconté combien les propriétaires, lors de la réunion de mercredi soir, ont tenté de finaliser les détails d'une entente directement avec les joueurs, en insistant pour que Don Fehr ne revienne pas à la table des négociations. «Ils nous ont dit que ça pourrait tout faire basculer si Don revenait, a raconté Hainsey. C'était étrange de croire qu'on était supposé conclure ça nous-mêmes... nous ne sommes pas capables de faire ça.»

Et maintenant, y aura-t-il du hockey en 2012-2013? Gary Bettman ne peut rien promettre. «Nous avions disputé 48 matchs (en 1994-1995), et je ne peux pas nous imaginer disputer moins de matchs que cela», a-t-il répondu.

Reste à voir si les deux parties auront le temps de monter une autre pièce. Une pièce avec une fin plus heureuse.