Jeff Petry aurait pu attendre le 1er juillet et tester sa valeur sur le marché des joueurs autonomes. Marc Bergevin aurait pu le laisser filer et investir ses sous sur d'autres joueurs.

Au final, Petry et Bergevin voyaient eux aussi ce qui crevait les yeux: le mariage entre le défenseur et le Canadien fonctionnait à merveille. Pourquoi aller voir ailleurs?

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Les deux clans ont cimenté leur union sous la forme d'un contrat de 6 ans, d'une valeur totale de 33 millions de dollars, signée mardi. La valeur annuelle moyenne (l'impact sur le plafond salarial) s'élève donc à 5,5 millions.

Selon le collègue Pierre Lebrun, d'ESPN, le contrat serait assorti d'une clause de non-échange.

«À mon arrivée ici, il m'a fallu quelques jours pour m'acclimater, mais ensuite, j'ai compris assez rapidement que je pourrais être ici à long terme et que je cadrais bien», a estimé Petry, lors d'une conférence téléphonique.

Les facteurs

Le défenseur de 27 ans n'était pas à court d'explications quand est venu le moment d'expliquer pourquoi il avait choisi de s'engager à long terme avec le Tricolore. D'abord, une raison très humaine, entendue au milieu d'une réponse. «Moi et ma femme avons décidé qu'on voulait revenir.»

Au-delà des statistiques (7 points en 19 matchs en saison), Petry a surtout permis au CH de compter sur un deuxième duo d'arrières digne de ce nom, en fin de parcours. Il a donné 22 minutes de qualité par match à son équipe, et le tandem qu'il a formé avec Alexei Emelin s'était d'ailleurs valu les compliments de Bergevin à son point de presse de fin de saison. Cela, Petry l'a fait en jouant à sa façon.

«C'est une équipe de transition rapide. Je retire de la fierté à distribuer de bonnes premières passes. Le style de jeu de l'équipe me convient parfaitement.»

Petry dit aussi aimer son environnement de travail. «J'avais beaucoup entendu parler de l'ambiance du Centre Bell, et c'était formidable. Mais il y a aussi les installations, la façon dont les joueurs sont traités, ça a joué un grand rôle.»

Il n'y a pas que les partisans qui lui ont fait la cour. Les deux vedettes de l'équipe aussi...

«À notre dernier jour [à Brossard], tout le monde faisait ses valises, on se souhaitait tous bon été, et deux gars m'ont souhaité bonne chance et m'ont déclaré qu'ils aimeraient vraiment que je revienne, raconte-t-il. Ça veut dire beaucoup quand ça vient de P.K. Subban et de Carey Price. D'entendre ça d'eux, ça a pesé dans ma décision.»

Enfin, il y a aussi la perspective d'une Coupe Stanley, un objectif à la portée des Montréalais, selon Petry. «L'équipe est assez proche. On a eu un bon parcours, cette année, et les joueurs se sont rendus loin, l'an passé. Je sens qu'on n'est pas très loin et ça a joué dans la décision.»

Un contrat au rabais?

À première vue, il y a lieu de croire que Petry a obtenu une entente comparable à ce qu'on avait vu sur le marché pour des défenseurs depuis quelques mois.

En revanche, d'aucuns croient que, dans un marché des joueurs autonomes qui ne regorge pas de défenseurs de premier plan, le grand numéro 26 aurait pu décrocher quelques centaines de milliers de dollars de plus.

Rabais ou non, Petry devra vivre avec une certaine pression supplémentaire. Il ne sera plus évalué comme un défenseur payé 3 millions de dollars par année pour quelques semaines en fin de saison...

«Oui, ça vient avec des attentes, reconnaît-il. Mais quand j'ai parlé avec Marc, il m'a dit que ma façon de jouer m'a valu ce contrat. Il m'a dit que ça ne devrait pas changer mon style. Ne change pas, ne laisse pas ce contrat t'influencer. Il a vraiment insisté sur ce point.»

De l'autre côté du spectre, on notera toutefois que Bergevin aura finalement obtenu du renfort à long terme à la ligne bleue pour le prix d'un choix de deuxième tour et d'un autre de quatrième tour. Pas mal.