Quand les Bruins de Boston ont annoncé la nomination de Don Sweeney comme directeur général, Cam Neely y a été d'un commentaire qui en a fait sursauter plus d'un.

Neely expliquait que dans ses entretiens avec les candidats au poste, il a longuement été question de la situation des Bruins par rapport au plafond salarial. Et l'ancien attaquant d'ajouter, un peu amusé: «Ils n'avaient pas une très bonne compréhension de la situation, de nos contrats, du plafond salarial. Je crois que ça a un peu à voir avec la disparition de Capgeek!»

On a tendance à croire que les sites de statistiques ne sont que pour les partisans et les journalistes, tandis que les dirigeants d'équipes ont accès à des systèmes bien plus sophistiqués - et fiables. Et pourtant, cet aveu de Neely confirme ce que d'autres dirigeants et agents ont déjà affirmé: Capgeek pouvait bel et bien donner un coup de pouce et s'ajouter aux ressources déjà en place.

Un Torontois de 27 ans s'est donné pour mission de mettre sur pied la nouvelle bible des masses salariales et des contrats. Tom Poraszka a donc lancé Generalfanager.com, le 4 mai dernier.

À peine trois semaines après son lancement, le compte Twitter associé à son site totalise déjà plus de 12 000 abonnés.

«J'ai été vraiment étonné, admet Poraszka, en entrevue téléphonique avec La Presse. Je savais que mon produit était utilisable, mais je n'aurais jamais pensé avoir autant d'abonnés. Je crois qu'après la première journée, j'avais 9 ou 11 abonnés, et même ça, ça m'enchantait! Et le deuxième jour, ça a explosé et j'en avais 9000. Un blogue de Detroit en a parlé, Puck Daddy [blogue hébergé par Yahoo!] et Sportsnet en ont parlé. Tout a décollé à partir de ce moment.»

Un travail à temps plein

Capgeek.com était le site de référence des salaires dans la LNH, disparu quand son fondateur, Matthew Wuest, est devenu gravement malade. Wuest s'est éteint le 19 mars dernier, des suites d'un cancer du côlon.

Poraszka s'est donné pour mission de relancer ce site. Sa tâche n'est pas mince, car il part de loin. Il travaille sur le projet les soirs et les fins de semaine, tout en maintenant son emploi de gestionnaire de projet en marketing interactif.

Il estime qu'il investit environ 40 heures par semaine de son temps sur son site web.

«Je n'ai aucun lien avec Capgeek, raconte Poraszka à La Presse. Je m'en servais régulièrement, de façon quotidienne. Je n'ai jamais même parlé à Matthew, mais j'étais conscient de la valeur de ce qu'il faisait.

«Je suis sûr que quelqu'un aurait pu m'aider à accéder à l'algorithme de Capgeek, mais j'ai dû repartir à zéro, poursuit-il. Par contre, on a pu s'inspirer de certaines sections de Capgeek sur l'interprétation de la convention collective. La théorie nous était accessible, mais il a fallu faire la programmation et les calculs.»

En plus de corriger les erreurs et imprécisions qui peuvent s'être glissées, Poraszka travaille d'arrache-pied à ajouter différentes composantes dont les amateurs raffolaient. Par exemple, la fonction «Armchair GM», qui permettait de composer une formation de 23 joueurs en ajoutant et en retirant des joueurs.

«Les gens le demandent, c'est haut sur notre liste. On espère que ce soit prêt quelques semaines avant le 1er juillet, que les gens l'essaient et que ça fonctionne à temps. On fait aussi nos propres tests et on veut que ce soit le plus parfait possible. Mais la seule façon de le rendre parfait est avec les commentaires du public.

«C'est l'effort d'une communauté», ajoute-t-il.

Le sujet délicat...

Pour l'heure, Capgeek (qu'il a consulté grâce au service web.archive) est sa principale source d'information pour les contrats déjà existants. Mais que faire des ententes qui seront signées à partir de maintenant?

Twitter rend nettement plus accessibles les détails de plusieurs des contrats signés dans la LNH. Mais pour les clauses spéciales, les bonis ou les contrats de joueurs plus marginaux, l'information ne tombe pas toujours du ciel. Et mis à part de rares exceptions comme les Sénateurs d'Ottawa ou les Hurricanes de la Caroline, les équipes sont généralement réticentes à divulguer les détails des ententes.

C'est là que les sources deviennent cruciales, qu'elles soient parmi les agents, les dirigeants d'équipes ou l'Association des joueurs. Tom Poraszka assure qu'il en compte déjà quelques-unes. Mais pas question de dire d'où elles viennent.

«Nous avons des ressources dans l'industrie qui nous aident à valider des informations, dans les médias et ailleurs. Nous avons aussi deux sources qui nous aident à interpréter les détails de la convention collective. Je ne suis pas avocat!»