Malgré des mesures de l'administration Obama pour imposer les plus riches aux États-Unis, le Canadien de Montréal reste l'équipe de la Ligue nationale de hockey dont les joueurs payent le plus d'impôts, selon les calculs d'un fiscaliste du sport qui compte plusieurs clients dans le circuit Bettman.

Des 30 équipes dans la LNH, le Canadien est bon dernier du classement établi par Sean Packard, de l'entreprise OFS. Un joueur tricolore empochant un salaire de 2,5 millions conservera 1,27 million en poche cette saison; en guise de comparaison, un hockeyeur des Flames de Calgary ou des Oilers d'Edmonton gardera 1,54 million une fois ses impôts payés.

À titre d'exemple, s'il avait choisi d'évoluer avec le Canadien cette année plutôt qu'avec les Flyers de Philadelphie, Vincent Lecavalier aurait payé au-delà de 200 000 $ supplémentaires en impôts. Le Québécois touchera un salaire brut de 6 millions cette saison.

«Je pense que la question de la fiscalité est importante pour plusieurs joueurs. Je dirais que tout dépend d'où il est rendu dans sa carrière. Un joueur de quatrième trio va aller jouer là où il le peut, estime Sean Packard, qui compte quelque 150 joueurs de hockey parmi ses clients. Mais les joueurs autonomes de qualité, ceux qui sont courtisés, surtout ceux qui ont déjà gagné la Coupe, vont commencer à penser à la retraite et à la manière de faire le plus d'argent libre d'impôts.»

L'effet Obama

Ce n'est pas la première fois que les joueurs du Canadien finissent derniers de ce type de classement. La Presse avait également conclu en 2011 qu'ils étaient les plus imposés de la Ligue.

Mais le CH aurait pu quitter enfin le fond du baril cette année. Les charges fiscales ont en effet augmenté en 2013 pour les plus riches aux États-Unis: les impôts fédéraux sont passés de 35 à 39,6%, des déductions ont été abolies et une surtaxe de 0,9% a été créée pour le Medicare.

Ces hausses d'impôts viennent donner un avantage à la plupart des équipes canadiennes. Cette année, deux d'entre elles ont même pris la tête du classement. Les joueurs les moins imposés de la LNH sont désormais ceux des Flames de Calgary et des Oilers d'Edmonton. En 2011, les joueurs les moins imposés évoluaient plutôt avec les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay et les Stars de Dallas.

Contrairement à d'autres équipes canadiennes, le CH n'a pas monté au classement. La raison? Le gouvernement de Pauline Marois a haussé le taux d'imposition des contribuables dont le revenu est de 100 000 $ et plus. En 2013, il est passé de 24 à 25,75%. Le taux combiné fédéral-provincial pour les plus riches s'établit maintenant à 49,97% dans la province, un pourcentage inégalé dans la LNH.

«Calgary et Edmonton ont profité des impôts plus élevés aux États-Unis, ainsi que Vancouver, explique Sean Packard. Malheureusement pour le Canadien de Montréal, des changements dans le régime fiscal québécois ont annulé cet effet.»

Reste à savoir si les joueurs prennent en compte les impôts locaux au moment de choisir une équipe. Sean Packard pense que plusieurs le font. Mais certains joueurs en doutent.

«Les impôts, ce n'est pas un critère important. Tu es bien mieux de rester dans une équipe où ça va bien et payer plus d'impôts que d'aller dans une équipe où tu ne joues pas et payer moins d'impôts», a déjà fait valoir l'ancien joueur Vincent Damphousse lors d'un entretien avec le journaliste Vincent Brousseau-Pouliot, de La Presse. «Le premier critère pour un joueur autonome, c'est la rémunération selon le marché. Ensuite, il y a les enjeux familiaux, les enfants, l'école. La langue peut jouer dans certains cas. Pour les joueurs-vedettes, le taux d'imposition n'est même pas dans les critères de décision.»

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Des salaires variables

Voici le revenu net d'un joueur qui touche un salaire de 2,5 millions en 2013 dans la LNH.

Flames de Calgary: 1 542 320 $

Oilers d'Edmonton: 1 542 320 $

Panthers de la Floride: 1 435 653 $

Lightning de Tampa Bay: 1 435 653 $

Predators de Nashville: 1 435 653 $

Stars de Dallas: 1 435 653 $

Canucks de Vancouver: 1 430 866 $

Coyotes de Phoenix: 1 395 344 $

Avalanche du Colorado: 1 393 381 $

Blackhawks de Chicago: 1 386 578 $

Penguins de Pittsburgh: 1 386 276 $

Red Wings de Detroit: 1 385 634 $

Bruins de Boston: 1 382 803 $

Capitals de Washington: 1 376 919 $

Blues de St. Louis: 1 363 239 $

Jets de Winnipeg: 1 360 710 $

Hurricanes de la Caroline 1 347 437 $

Sabres de Buffalo: 1 341 680 $

Islanders de New York: 1 341 680 $

Rangers de New York 1 341 680 $

Blue Jackets de Columbus: 1 338 154 $

Devils du New Jersey: 1 338 123 $

Flyers de Philadelphie: 1 338 123 $

Wild du Minnesota: 1 318 378 $

Sénateurs d'Ottawa: 1 298 747 $

Maple Leafs de Toronto: 1 298 747 $

Ducks d'Anaheim: 1 278 704 $

Kings de Los Angeles: 1 278 704 $

Sharks de San Jose: 1 278 704 $

Canadien de Montréal: 1 273 535 $

Source: Sean Packard, cabinet OFS