Au moins trois villes pourraient sauter sur la patinoire pour attirer une nouvelle équipe si la LNH procédait à une expansion. Portraits.

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LE MARCHÉ



MARKHAM - La région métropolitaine de Toronto, dont Markham fait partie, est un marché de 6 millions de personnes. En raison des propriétés sportives qui y sont établies, Mario Lefebvre, du Conference Board du Canada, soupçonne une saturation du marché torontois. On entend par là un marché où la population est inférieure au besoin de spectateurs nécessaires pour assurer la viabilité de toutes ses équipes. «Si Toronto est vraiment le marché de hockey que l'on dit et qu'il peut supporter une deuxième équipe, les Raptors au basketball risqueraient alors d'en manger un coup», dit-il. En attendant, le coût d'un aréna et les frais d'expansion liés à l'arrivée d'une équipe constituent un investissement énorme et en quelque sorte risqué pour quiconque veut aller jouer sur le terrain des Maple Leafs. Sans compter que ceux-ci réclameront un sérieux dédommagement à la ligue pour avoir empiété sur ses droits territoriaux. Notons que Markham abrite le siège social de plus de 600 entreprises, ce qui assurerait l'équipe d'un bon soutien du monde des affaires.

Photo: archives Toronto Star

Markham abrite le siège social de plus de 600 entreprises, ce qui assurerait l'équipe d'un bon soutien du monde des affaires.

QUÉBEC - La Communauté métropolitaine de Québec compte 765 000 habitants, ce que le Conference Board du Canada considère comme le seuil minimal pour assurer la viabilité d'une équipe de la LNH. Depuis le milieu des années 90, Québec a connu un bel essor économique. La force du dollar et l'établissement d'un plafond salarial dans la LNH élargit ses horizons par rapport au temps des anciens Nordiques. Cela dit, les sièges sociaux d'envergure se font encore rares à Québec. «Des entreprises de Montréal devraient s'impliquer, car si l'on s'en tient à celles qui ont pignon sur rue à Québec, ça pourrait être limité un peu», convient Mario Lefebvre, le directeur du centre d'études municipales au Conference Board. «Québec est condamnée à pratiquer un marketing agressif, car chaque détenteur de loge corporative serait plus difficile à remplacer qu'à Montréal.» Selon un sondage du Sports Business Journal, c'est la ville de Québec qui mérite le plus de bénéficier d'un transfert de concession ou d'une expansion. Elle a la faveur de 34% des répondants devant Seattle (28%) et une autre franchise en Ontario (22%).

SEATTLE - Avec 3,5 millions de population, Seattle constitue le 12e marché télé aux États-Unis. «Je pense que la ligue veut aller à Seattle, mais ça pourrait prendre dix ans avant que ça se produise», a indiqué à La Presse Don Levin, un homme d'affaires qui aimerait établir une équipe d'expansion dans l'État de Washington. «Je suis intéressé, je crois que c'est un bon marché, mais je ne sais pas encore quand il deviendra disponible. On parlait des Coyotes, mais j'ai toujours eu l'impression qu'ils resteraient à Glendale. On ne m'a jamais dit qu'ils pouvaient potentiellement déménager.» Même si Levin considère Seattle comme l'un des marchés ayant la meilleure démographie pour attirer la LNH, Mario Lefebvre voit cela autrement. «Seattle croyait rouler sur l'or à un certain moment, mais elle a perdu son équipe de basketball parce que le marché était saturé, explique-t-il. Il y a déjà une équipe de baseball et une autre de la NFL. Maintenant ils veulent faire le grand coup et ramener la NBA et le hockey. Or, ça prendrait 4,6 millions d'habitants pour que le marché puisse tous les soutenir. Je ne vois pas Seattle comme une grande menace...»

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Photo: archives La Presse

Depuis le milieu des années 90, Québec a connu un bel essor économique.

LE PROPRIÉTAIRE



MARKHAM - Le Montréalais Graeme Roustan s'est associé au promoteur Ray Bratty, un milliardaire originaire de la région de Markham qui a tout un plan d'aménagement urbain pour entourer le futur GTA Centre. Roustan ne dit pas ouvertement qu'il vise une équipe de la LNH et, pour l'instant, ne fait la promotion que de son projet d'amphithéâtre. Il a présenté à la Ville de Markham une étude de la firme Global Spectrum démontrant que 131 jours d'achalandage par année, avec des spectacles et des concerts, suffisaient à générer des profits annuels de près de 3 millions. Global Spectrum fait valoir qu'un seul amphithéâtre de 20 000 places (le Centre Air Canada) dans le marché de Toronto ne comble pas la demande en divertissements. Roustan serait partenaire minoritaire dans une éventuelle équipe, mais pourrait en devenir le gouverneur. Il a confié la gestion du GTA Centre à Global Spectrum, une propriété d'Ed Snider (Flyers de Philadelphie) et les concessions alimentaires à Delaware North, l'entreprise de Jeremy Jacobs (Bruins de Boston).

QUÉBEC - Pierre Karl Péladeau et la Ville de Québec n'ont jamais caché leur souhait de faire renaître les Nordiques. Tout le plan d'affaires de PKP, qu'il s'agisse du nouvel amphithéâtre ou de la création de la chaîne télé TVA Sports, est dirigé en ce sens. Devant des partenaires potentiels aussi compromis, la LNH a beau jeu de soutirer à M. Péladeau un maximum en frais d'entrée dans la LNH. On raconte que Marcel Aubut, qui fait du travail de terrain pour Québec auprès de la LNH, tenterait de trouver un moyen de faire baisser ce montant. Chose certaine, selon Mario Lefebvre, du Conference Board, M. Péladeau devra maintenir une saine gestion si son projet voit le jour. Il devra démontrer qu'il est prêt à encaisser des déficits occasionnels si jamais l'équipe ne participe pas aux séries durant quelques saisons consécutives.

Archives Toronto Star

Le futur GTA Centre de Markham.

SEATTLE - L'équation est simple: la LNH ne peut venir à Seattle sans les plans d'un nouvel aréna, et un nouvel aréna ne verra pas le jour sans le retour de la NBA à Seattle. Ce préalable «basketball» est à la base de l'entente financière entre le promoteur Chris Hansen et les autorités locales. Hansen est avant tout intéressé au retour de la NBA et travaille en ce sens avec le PDG de Microsoft, Steve Ballmer. En revanche, il est toujours à la recherche d'un partenaire pour développer le volet hockey. Don Levin, le propriétaire des Wolves de Chicago (AHL), s'est déjà dit prêt à allonger 100 millions pour attirer une équipe d'expansion à Seattle. «Nous continuons de regarder, a indiqué Levin à La Presse. Nous nous sommes parlé, Hansen et moi, mais il n'y a rien d'imminent.» Levin a précisé qu'il était ouvert à l'idée d'être le propriétaire d'une équipe qui serait locataire d'un nouvel aréna. «Tout dépend du bail», a-t-il rappelé.

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RELATIONS AVEC LA LNH



MARKHAM - Graeme Roustan, qui était sur les rangs pour faire l'acquisition du Canadien il y a quelques années, est considéré depuis quelques années comme l'as dans la manche de Gary Bettman.

QUÉBEC - Pierre Karl Péladeau et le maire Régis Labeaume se font maintenant plus circonspects quant à leur projet d'amphithéâtre. Leur attitude bavarde avait irrité Gary Bettman dans le passé et le changement de comportement ne leur nuit certes pas. Patience et longueur de temps...

SEATTLE - Chris Hansen n'a pas vraiment d'antécédents concernant la LNH. En revanche, on dit que l'investisseur potentiel Don Levin est bien perçu par Gary Bettman.

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LE FINANCEMENT DE L'AMPHITHÉÂTRE

MARKHAM - Le populaire maire Frank Scarpitti tient au nouvel amphithéâtre, mais le projet se bute à des conseillers municipaux qui cherchent à monnayer politiquement leur appui. Résultat: l'entente initiale sur ce projet de 325 millions devra être revue. La moitié de la somme devait être empruntée et investie par la Ville et l'autre moitié, également avancée par la Ville, aurait été payée par le GTA Centre Limited Partnership de messieurs Bratty et Roustan.

QUÉBEC - Le futur amphithéâtre de Québec sera entièrement payé par des fonds publics. Le gouvernement provincial a plafonné son engagement à 200 millions, l'organisme J'ai ma place ajoutera 13 millions et les 187 millions restants proviendront de la Ville de Québec.

SEATTLE - Le projet d'aréna est évalué à 490 millions dont 290 millions seront déboursés par Chris Hansen. Les 200 millions en fonds publics seront récupérés grâce aux revenus de location de l'aréna, aux taxes d'entrée et par une garantie offerte par Hansen.

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DATE D'OUVERTURE PRÉVUE

MARKHAM - Septembre 2015... si les conseillers municipaux de Markham ne mettent pas trop de bâtons dans les roues.

QUÉBEC - Septembre 2015

SEATTLE - Inconnue. Une étude environnementale pouvant prendre jusqu'à un an a été mise en branle. De toute façon, la construction ne sera pas amorcée avant qu'une équipe de la NBA n'ait été rapatriée.

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SOLUTIONS DE RECHANGE À COURT TERME



MARKHAM - Aucune.

QUÉBEC - En dépit des critiques formulées contre lui, le Colisée Pepsi se révèle une excellente solution temporaire si jamais Québec se voit accorder une équipe avant la fin de la construction d'un nouvel amphithéâtre.

SEATTLE - Le Key Arena n'est pas un amphithéâtre du calibre de la LNH et ne représente pas une solution temporaire aussi intéressante que le Colisée de Québec. On raconte que des options diverses, comme aller jouer des matchs à Tacoma ou à Portland, auraient été étudiées.

Photo: Bloomberg News

Seattle pourrait être un bon marché... plus tard.