Russell Martin a passé les derniers jours à déambuler dans Barcelone et à visiter les boutiques huppées sur Passeig de Gracia.

Il devra peut-être prévoir un arrêt de plus pour acheter une montre à son nouveau coéquipier chez les Pirates de Pittsburgh, le receveur Michael McKenry. Sûrement pas pour s'excuser de lui voler son poste, mais ce serait une façon de le soudoyer afin que McKenry lui cède «son» numéro 55.

«C'est souvent ce qu'on fait dans ces cas-là», a raconté Martin lors d'une conférence téléphonique.

Mais le receveur de 29 ans se dit prêt à changer de numéro. De toute façon, tant de choses déjà ont changé dans les dernières semaines. Lui qui rêvait de poursuivre sa carrière avec les Yankees de New York, il s'est finalement rabattu sur une offre de deux ans évaluée à 17 millions déposée par les Pirates de Pittsburgh.

Les Rangers du Texas lui ont aussi présenté une offre formelle, mais les termes du contrat n'étaient pas aussi alléchants. En fin de compte, même si Martin avait prévu d'attendre la fin des assises du baseball majeur pour faire son choix, son agent et lui ont changé de cap et accepté dès la semaine dernière la proposition des Pirates.

«Les offres que l'on reçoit ne restent pas sur la table pendant des mois, a-t-il expliqué. C'est sûr que j'aurais aimé rester avec les Yankees, mais ils ne ne m'ont soumis aucune offre concrète. Selon mon agent, le DG Brian Cashman n'a pas reçu le feu vert de l'organisation pour libérer l'argent nécessaire.

«Si j'avais attendu les Yankees, j'aurais pris le risque de perdre l'offre des Pirates.»

Le Québécois estime se retrouver dans une bonne situation à Pittsburgh. En plus de compter sur les vétérans lanceurs A.J. Burnett et Wandy Rodriguez, les Pirates alignent plusieurs jeunes lanceurs (dont la sensation James McDonald) avec lesquels Martin pourra partager l'expérience acquise ces dernières années.

«J'ai été bien traité à New York, les Yankees sont une organisation qui a beaucoup de classe, mais la vie change. Je suis un Pirates aujourd'hui et le fait que je puisse jouer un rôle plus important au sein de ma nouvelle équipe, ça vient me chercher.

«Je sens qu'on aura plus besoin de moi à Pittsburgh.»

20 ans de misère

Russell Martin dit vouloir gagner, mais voilà qu'il se joint à une équipe qui n'a pas joué pour ,500 depuis 1992. Il est conscient du travail à accomplir pour replacer les Pirates sur le chemin de la respectabilité.

«En 2013, la fiche des Pirates est de 0-0 et ils jouent pour ,500, alors on va commencer de même, a-t-il dit en riant.

«Je ne peux rien changer au passé. Mon travail est d'aider l'équipe à gagner, c'est ce qui me fait plaisir dans ce que je fais. Je ne suis pas habitué de jouer pour une équipe qui est sous ,500, mais j'espère que mes habitudes de travail allumeront mes coéquipiers. Je veux apporter une énergie positive pour changer l'ambiance au sein de l'équipe.

«Il ne faut pas oublier que la saison dernière, les Pirates avaient une excellente fiche jusqu'au mois de septembre. Ils ont seulement manqué de gaz vers la fin. On ne sait jamais, peut-être que je pourrai leur donner le petit élan de plus la saison prochaine...»

Selon lui, les partisans de Pittsburgh n'attendent qu'une équipe gagnante, une édition des Pirates qui leur permettra enfin de tourner la page sur les années nostalgiques de Barry Bonds et Andy Van Slyke.

«Je n'y arriverai pas tout seul, mais je veux aider cette équipe à atteindre les séries et de voir une ville excitée par son équipe», a indiqué Martin.

Ce bon vieux A.J.

Dans l'organisation des Pirates, Martin retrouvera le Québécois Christopher Leroux, un ancien receveur converti en releveur qui fait la navette entre le AAA et les majeures. Il retrouvera également le deuxième-but Neil Walker, avec lequel il s'est souvent entraîné en Arizona, durant la saison morte.

Mais surtout, il retrouvera un ancien complice chez les Yankees, le partant A.J. Burnett.

«J'ai connu A.J. à ma première saison à New York et on a développé une bonne chimie, a confié Martin. J'aime beaucoup ce gars-là, j'aime son feu et le fait qu'il ait beaucoup d'intensité. Je sais qu'à New York, il n'avait pas la meilleure réputation, mais c'était un joueur apprécié dans le vestiaire qui gardait l'atmosphère détendue.»

Comme receveur... pour l'instant

Comme l'avait révélé La Presse, il y a deux semaines, Martin espère tenter sa chance à l'arrêt-court à l'occasion de la Classique mondiale de baseball, qui aura lieu au mois de mars.

«J'espère être en santé pour pouvoir représenter le Canada», a-t-il dit, ajoutant qu'il s'attendait à recevoir la permission des Pirates pour participer à ce court tournoi.

Mais il est clair que c'est à la position de receveur que les Pirates entendent l'utiliser.

«J'aime ça être receveur, a-t-il pris soin de préciser. C'est comme être le quart-arrière dans un match, on est constamment impliqué.»

L'an dernier, Martin a retiré 20 des 83 coureurs qui tentaient de voler contre lui alors que les deux receveurs des Pirates, McKenry et Rod Barajas, en ont retiré 19 en 173 tentatives.

«Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de coureurs qui s'essaient contre moi à moins que la motion de mon lanceur soit très lente, a soutenu Martin.

«C'est une facette du jeu que j'arrive à stabiliser. La force de mon bras est peut-être mon plus grand atout et je sais que les vols de but contre les Pirates étaient l'une de leurs faiblesses dans les dernières années.»