Rares sont les athlètes et les proches de Marcel Aubut qui ont accepté de commenter à visage découvert l'affaire qui secoue le mouvement olympique canadien. Mais Sylvie Fréchette, elle, y a consenti, appelant d'éventuelles victimes à prendre la parole.

«S'il y a des victimes, qu'elles se lèvent. Je leur dis : «Levez-vous et parlez.» C'est le moment de le faire, a dit la double médaillée olympique en entrevue. Parce que si ce qui lui est reproché est vrai, c'est inacceptable et ça doit cesser.»

Sylvie Fréchette, 48 ans, n'a pas voulu se prononcer sur le fond ni sur l'enquête en cours. Elle a oeuvré un an au COC, connaît bien Marcel Aubut et affirme que l'avocat n'a jamais eu de comportement répréhensible envers elle.

«J'ai beaucoup de respect pour cet homme et ce qu'il a fait pour le mouvement olympique. Ça m'a mise bien à l'envers cette histoire. Je ne veux pas que ça soit vrai.»

«Mais une chose que je peux confirmer, c'est qu'il aime les femmes et les belles femmes. Mais il n'est pas le seul homme comme ça. Et des belles femmes, des belles athlètes, des belles avocates, il a pu en côtoyer pas mal dans sa carrière.»

Elle a souhaité que l'enquête soit menée le plus vite possible pour ne pas jeter une ombre sur les Jeux de Rio. «Il y a des athlètes ici qui s'entraînent depuis des années pour ces Jeux. Ce serait bien de parler de leurs exploits aussi.»



Stupeur au COC

L'ouverture de l'enquête a créé la stupeur au Comité olympique canadien (COC). Jean-Luc Brassard, chef de mission de l'équipe canadienne pour les prochains Jeux olympiques de Rio, s'est rendu hier au bureau montréalais du COC au centre-ville pour prendre le pouls des employés.

«Tout le monde est un peu secoué de ce qui se passe. C'est dur à prendre, tout le monde est surpris. J'ai dit aux employés de ne pas oublier qu'ils travaillaient avant tout pour les athlètes.»

Jean-Luc Brassard s'en remet à l'enquête mise en place par le COC et menée par l'ancien juge en chef de la Cour supérieure du Québec François Rolland. Il reconnaît néanmoins la gravité des accusations. «Je ne peux pas croire que la ou les personnes qui ont lancé ce processus l'ont fait pour leur gloire personnelle. Ça prend beaucoup de courage pour faire ça.»

Le champion olympique ajoute que la personnalité «bulldozer» de Marcel Aubut a pu lui attirer des inimitiés. «Il est le premier président francophone en 106 ans. Il a fallu qu'il fasse sa place. Certaines personnes n'ont pas aimé ça. Son style ne plaisait pas nécessairement à l'establishment, qui exerçait un leadership plus latent.»

Photo Ryan Remiorz, PC

Jean-Luc Brassard et Marcel Aubut