Marcel Aubut s'est retiré temporairement mercredi soir de ses fonctions de président du Comité olympique canadien (COC) pendant la durée d'une enquête interne concernant une plainte officielle déposée contre lui. Selon le quotidien Globe and Mail, il s'agit d'une plainte pour harcèlement sexuel à l'endroit d'une employée de la Fondation olympique canadienne.

L'homme fort de l'olympisme canadien ne fait toutefois pas l'objet d'une enquête de nature criminelle, mais uniquement d'une enquête interne. Par communiqué mercredi soir, le COC a d'ailleurs confirmé qu'une plainte officielle avait été déposée contre Marcel Aubut, sans toutefois préciser sa nature exacte. «Nous avons immédiatement initié le processus d'enquête prévu dans les politiques du Comité olympique canadien et avons retenu les services de M. François Rolland, ancien juge en chef de la Cour supérieure du Québec en tant qu'enquêteur indépendant.»

«Dégoûtée» par ces allégations, une membre du C.A. de Soccer Canada a confié à La Presse en entrevue téléphonique avoir été victime de harcèlement sexuel à plusieurs reprises par M. Aubut. Ce n'était toutefois pas elle qui a déposé la plainte officielle auprès du COC.

Il y a quatre ans, leur première rencontre ne s'était pas déroulée comme prévu, soutient Amélia Salehabadi-Fouques. Alors qu'elle enseignait à l'Université de Montréal en droit du sport, elle avait contacté Marcel Aubut pour s'impliquer au sein du COC. Ils s'étaient donné rendez-vous au restaurant le Queue de Cheval, au centre-ville de Montréal. À son grand étonnement, M. Aubut l'attendait au bar, et non pas à une table. «Tout ce qui l'intéressait, c'était ma vie personnelle et mes seins», lance l'avocate en droit du travail. Plus tard en soirée, M. Aubut aurait alors tenté un rapprochement non désiré. «Il m'a embrassée avec la langue, et tout... ça m'a dégoûtée», raconte-t-elle, outrée. À la fin de la soirée, elle s'est empressée de quitter les lieux en taxi.

L'an dernier, Marcel Aubut l'a invité dans un contexte d'affaires dans un hôtel de Québec. Une foule de personnes était censée être présente, mais quand elle arrive sur place, personne n'est là et il n'y a pas de chambre d'hôtel à son nom, seulement celle de Marcel Aubut. Furieuse, elle l'a appelé au téléphone. «Il me dit: "quand est-ce que je vais venir dans ta chambre? J'ai demandé des clés pour ta chambre." Je suis dégoûtée.» Cette nuit-là, Amélia Salehabadi-Fouques n'a pas dormi.

L'an dernier, lors d'un match de la coupe du monde féminine U-20, au Stade olympique, Amélia Salehabadi-Fouques raconte avoir à nouveau été harcelée par Marcel Aubut. «Devant mon fils de 15 ans, il m'a dit, en s'en allant vers le tunnel : «quand est-ce qu'on couche ensemble? Je suis devenu blème de voir mon fils de 15 ans... c'était horrible», récite-t-elle, la voix étranglée. La Presse a tenté en vain de parler avec Marcel Aubut mercredi soir au sujet de ce deuxième témoignage. 

Dans un communiqué publié mercredi soir, le président du COC a indiqué avoir pris connaissance des allégations concernant des propos qu'il aurait tenus à une collègue de travail. «Il offre son appui inconditionnel aux personnes chargées de faire la lumière sur les propos qui lui sont attribués et de rétablir les faits. Il s'agit d'une procédure normale qui devrait être complétée vers la mi-octobre. Monsieur Aubut a déclaré qu'il n'a jamais eu l'intention d'offenser ou d'indisposer quiconque par des paroles qu'il aurait prononcées dans le cadre de ses fonctions.»