Mélanie Blouin n'est pas du genre à fondre en larmes après une contre-performance. «Je pleure quand je me fais arrêter par la police», disait-elle en riant cette semaine en racontant une mésaventure récente. Elle s'était fait intercepter pour la première fois de sa vie après un léger excès de vitesse.

La perchiste de Québec n'avait donc pas envie de s'apitoyer après sa pire sortie de la saison, jeudi, aux Jeux panaméricains de Toronto. Sa courte soirée s'est terminée avec une barre franchie à 4,15 m et trois essais ratés à 4,30 m.

«Je m'attendais à un peu mieux, a-t-elle admis. On dirait que je ne le sentais pas, aujourd'hui. Il y a des journées où tu es plus allumée que d'autres. Cette fois-là, j'avais un peu plus de misère à mettre tous les morceaux du saut ensemble. J'avais des morceaux qui allaient bien, mais le reste, le renversé, était moins présent. Ça arrive.»

À peine a-t-elle lâché un «merde» avant de se rasseoir et d'apprécier le spectacle, comme cette (autre) belle foule de quelque 10 000 spectateurs réunis au stade de l'Université York.

Avec une brochette de cette qualité, le concours promettait. La Cubaine Yarisley Silva, médaillée d'argent olympique, et la Brésilienne Fabiana Murer, championne mondiale en 2011, se sont livré un duel spectaculaire.

Avec un saut à 4,85 m, meilleure performance mondiale de l'année, Silva a eu le dernier mot, au grand bonheur de deux journalistes cubains qui exultaient sur la tribune de presse. L'Américaine Jennifer Suhr, championne olympique, a dû se contenter du bronze avec un bond de 4,60 m.

«Quand je regarde ça, je ne me sens pas démoralisée. Je fais: «Wow, c'est hot!»», a dit Blouin, qui a fini septième, ex aequo avec trois autres concurrentes. «C'était comme une finale de Jeux olympiques pour les deux premières. C'était super le fun à regarder.»

La Canadienne d'origine américaine Kelsie Ahbe a pris le cinquième rang grâce à un saut de 4,40 m.

Particulièrement impressionnée par Silva, Blouin a pris des notes. «Elles étaient toutes très calmes, mais agressives, a remarqué l'olympienne de 2012. Moi, je n'étais pas agressive pantoute. La prochaine fois, ce sera peut-être un de mes objectifs. J'ai tendance à être un peu trop calme.»

Après deux dernières saisons blanches en raison de blessures sérieuses, Blouin a retrouvé de l'aplomb cette année. Elle a battu son propre record provincial avec un saut de 4,50 m, il y a deux semaines, ce qui lui a valu son standard olympique. L'étudiante en nutrition à l'Université Laval n'a cependant pas encore le bagage de compétitrices aguerries comme Murer et Suhr, deux trentenaires.

«J'ai une course d'élan de 14 pas, a souligné la Québécoise. J'étais la seule à avoir une petite course. Ma marque était vraiment en avant de tout le monde. C'est parce que je ne suis pas encore prête à me reculer. Je vois qu'éventuellement, ça se ferait. J'ai hâte d'être rendue là.»

Blouin pourrait se reprendre la semaine prochaine en participant à trois rencontres en Allemagne.