Un micro-parti politique sud-africain a lancé une action en justice pour tenter d'empêcher l'équipe des Springboks de participer à la Coupe du monde de rugby en Angleterre, estimant qu'il y avait trop de Blancs parmi les joueurs sélectionnés, a-t-on appris lundi.

L'équipe est «construite sur le principe d'exclusion raciale et sur des critères raciaux», ce qui est anticonstitutionnel selon le leader de l'Agence pour un Nouvel Agenda (ANA), Edward Mokhoanatse.

«Nous demandons donc au tribunal de les empêcher d'aller en Angleterre et de confisquer aux joueurs leurs passeports», a expliqué M. Mokhoanatse à l'AFP.

L'ANA, qui affirme avoir fait en 2013 sécession de l'ANC, le parti au pouvoir, a lancé cette action en justice vendredi, avant même que le sélectionneur Heyneke Meyer ne dévoile la liste des 31 joueurs sélectionnés, dans laquelle il a retenu neuf joueurs de couleur, un record.

La plainte qui vise le ministre des Sports Fikile Mbalula et la Fédération sud-africaine de rugby (SARU) doit être examinée par la justice mercredi à Pretoria.

La fédération a annoncé par la voix de son porte-parole Andy Colquhoun qu'elle se défendrait devant le tribunal, mercredi.

Traditionnel «sport des Blancs» en Afrique du Sud, le rugby a également été un symbole de réconciliation nationale, en 1995 lorsque le capitaine François Pienaar a reçu des mains de Nelson Mandela, vêtu d'un maillot des Springboks, le trophée de champion du monde.

La composition de l'équipe nationale reste un sujet sensible en Afrique du Sud.

Sous la pression du gouvernement, la SARU s'était engagée à inclure au moins sept joueurs «non-blancs» dans l'effectif des 31 joueurs sélectionnés pour la Coupe du monde de rugby, qui se déroulera en Angleterre (18 septembre-31 octobre).

Cette décision inquiète certains partisans blancs, qui craignent que les joueurs soient choisis pour d'autres raisons que le simple talent.

Lundi, le parti afrikaner du Freedom Front Plus (FF+) a annoncé qu'il avait déposé une pétition auprès de l'ambassade de Grande-Bretagne à Pretoria pour protester contre les «interférences politiques dans le sport sud-africain».

«C'est ce genre d'interférence basée sur des critères raciaux qui avait conduit au boycott de l'Afrique du Sud», sous l'apartheid, ajoute le parti.

Sous l'apartheid, plusieurs pays avaient refusé d'affronter les Springboks pour protester contre le régime raciste en place.

Ces deux réactions radicalement opposées tranchent avec le relatif consensus des spécialistes qui ont souligné les efforts faits par M. Meyer pour construire une équipe à la fois compétitive et racialement mixte.