Le neurologue et écrivain britannique Oliver Sacks, auteur du succès planétaire The Man Who Mistook His Wife for a Hat (1985), et qui aura passé une vie entière à explorer les mystères du cerveau humain, est décédé dimanche à 82 ans des suites d'un cancer.

Son assistante personnelle Kate Edgar a précisé qu'il était décédé «entouré de ses proches», à son domicile de Greenwich Village à New York, emporté par un cancer. Il avait révélé en février dernier être en phase terminale de cette maladie.

«Il y a un mois, je me sentais en bonne santé, en très bonne santé, même», avait écrit le médecin dans une tribune publiée le 19 février par le New York Times. «Mais ma chance a tourné. Il y a quelques semaines, j'ai appris que les métastases s'étaient multipliées dans mon foie», poursuivait-il.

Il y a neuf ans, Oliver Sacks avait été soigné pour une forme rare de mélanome qui lui avait fait perdre l'usage d'un oeil. Il avait appris peu avant sa tribune qu'il faisait partie des «2% de patients malchanceux» chez qui ce type de cancer s'est étendu.

Oliver Sacks s'était fait connaître en 1973 avec son livre Awakenings, dans lequel il exposait le cas de patients qui souffraient d'«encéphalite léthargique», une forme de «maladie du sommeil» dont le neurologue les sortait grâce à un médicament.

Son livre avait été adapté au cinéma en 1990 avec Robin Williams et Robert DeNiro.

En février, il se disait «reconnaissant d'avoir pu vivre neuf ans en bonne santé depuis que le premier diagnostic a été établi, mais maintenant je vois la mort en face».

«Je dois maintenant choisir comment vivre les mois qu'il me reste. Je veux vivre de la façon la plus riche, la plus profonde, la plus prolifique qui soit», assurait-il.

Notoriété mondiale 

Né à Londres, ses parents étaient tous deux médecins, sa mère étant l'une des premières chirurgiennes en Angleterre.

Oliver Sacks a étudié à la prestigieuse université britannique d'Oxford avant d'émigrer au Canada, puis aux États-Unis où il a passé la grande majorité de sa vie.

Il s'était installé en 1965 à New York, où il a enseigné, écrit et exercé en tant que neurologue jusqu'à la fin de sa vie.

Au moment de sa mort, Sacks était professeur de neurologie à l'École de médecine de l'Université de New York (NYU).

«Nous apprenons avec tristesse le décès de notre estimé collègue Oliver Sacks dont le travail innovant dans les domaines de la neurologie et de la neuro-psychologie a mené à d'importantes découvertes», a souligné la faculté dans un communiqué saluant le fait que ses «écrits prolifiques» aient pu «toucher des millions de vies à travers le monde».

Il a aussi enseigné à l'université Columbia dans la même ville.

Oliver Sacks a acquis une notoriété mondiale grâce à ses nombreux textes inspirés de son travail en clinique, notamment publiés dans l'hebdomadaire The New Yorker, explorant les mystères du fonctionnement du cerveau humain et le comportement de ses patients.

Dans The Man Who Mistook His Wife for a Hat («L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau»), il décrivait des patients atteints de troubles neurologiques tels qu'ils avaient perdu la mémoire, étaient incapables de reconnaître des objets ou encore qui étaient surdoués malgré leur autisme.

«Curieux, cultivé, sensible, Sacks personnifie la profession médicale et, est-on tenté de dire, la race humaine», a écrit Peter Kramer dans le Washington Post. Le New York Times le qualifie «de poète lauréat de la médecine».

Parmi les premières réactions, l'écrivain J.K. Rowling saluait dimanche la sensibilité «humaine» de Sacks, tandis que le chirurgien et écrivain Atul Gawande, également collaborateur au New Yorker, tweetait : «Il était comme personne en médecine ou dans la littérature. Il me manquera».