En faisant la transition d'une très populaire page Facebook à site web d'actualités, I Fucking Love Science (IFLS) devrait-il s'inquiéter pour sa crédibilité? Une information controversée sur un âge glaciaire imminent en fait douter.

D'emblée, ce communiqué de presse du 9 juillet sur «une chute de l'activité solaire durant les années 2030» censée conduire «à un mini-âge glaciaire» avait été mal accueilli par les spécialistes de notre étoile: les taches solaires invoquées sont en effet cataloguées depuis 400 ans et on n'a jamais observé de corrélation entre leurs cycles et le climat (en fait, en ce moment, ce serait le contraire: faible activité solaire, mais réchauffement planétaire). Par ailleurs, le communiqué laisse croire qu'une baisse de 60% des taches solaires équivaut à une baisse d'autant de l'activité solaire, alors qu'on en est loin: même un «minimum de Maunder» - une quasi-disparition des taches solaires - équivaudrait, selon les calculs, à une baisse d'activité solaire de... 0,1%.

Que ce simple communiqué publié pour annoncer une conférence dans un congrès ait été repris par des blogues climatosceptiques était prévisible, ceux-ci ayant une fascination pour le Soleil. Que cette information ait été publiée par des organes de presse conservateurs comme le Daily Telegraph de Londres ou Le Figaro était également prévisible. Mais qu'elle se retrouve chez I Fucking Love Science, qui se présente, depuis sa métamorphose en un site de nouvelles, comme un «curateur du meilleur contenu scientifique sur le web» avait de quoi faire sourciller.

Sous le titre «Nous pourrions être en route vers une mini-ère glaciaire en 2030», le texte reprenait le 13 juillet les propos attribués par le Daily Telegraph à la chercheuse, Valentina Zharkova, de l'Université britannique de Northumbria, sans mise en contexte. Le texte a généré 556 commentaires, avant qu'une suite, le 14, n'augmente la confusion: la chercheure s'y défend d'avoir prédit une ère glaciaire... tout en disant qu'il pourrait y en avoir une. Là non plus, pas de mise en contexte sur la non-corrélation entre les taches solaires et le climat, ou sur le doute quant à une corrélation entre la mini-ère glaciaire des années 1600 et le « minimum de Maunder». Et aucune mention qu'une baisse de l'activité solaire dans les prochaines décennies a bel et bien été prise en compte, y compris dans les rapports du GIEC: elle ralentirait le réchauffement climatique, et non l'inverserait.

L'astrophysicien et blogueur Brian Koberlein y voit un «échec de communication», pour avoir publié ces deux articles sans nuances, mais aussi pour l'absence de rectificatif ou de mise à jour: IFLS a publié le 15 juillet une analyse du site The Conversation qui remet les pendules à l'heure, mais un lecteur de IFLS qui tombe sur les textes originaux n'a aucune chance de savoir que cette analyse existe. «Ce n'est pas un échec de la communication scientifique. C'est une promotion délibérée de l'ignorance.»

Ce n'est pas la première fois que le site se fait épingler par des journalistes ou des blogueurs pour son manque de rigueur. Du temps, avant 2014, où IFLS n'était qu'une page Facebook, ses critiques lui reprochaient sa superficialité et la quête du clic à tout prix avec des photos accrocheuses. Ses défenseurs invoquaient qu'il s'agissait d'une façon de montrer que la science pouvait être «cool»: le même principe peut-il s'appliquer à un fil d'actualités?

À lire

La discussion générée par le billet de Brian Koberlein, A failure to communicate 

Ce texte de 2013: I Fucking Love Science: un an de douce folie

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