Trois astronautes embarqués à bord d'un vaisseau spatial russe Soyouz ont entamé mercredi un périple inhabituellement long de 48 heures dans l'espace pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS), après avoir décollé du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan.

Raison de ce retard: les débris spatiaux qui ont forcé la Station à modifier son orbite et changer d'altitude fin juillet. Habituellement, six heures sont suffisantes au Soyouz pour rejoindre l'ISS.

Faire le trajet en deux jours était par conséquent le choix «le plus sûr et le plus fiable», a expliqué dans un communiqué Alexandre Ivanov, le vice-président de l'agence spatiale russe Roscosmos.

C'était la méthode utilisée par le secteur spatial russe jusqu'en mars 2013, quand des améliorations technologiques ont permis à la capsule Soyouz d'effectuer seulement quatre orbites autour de la Terre contre 34 auparavant.

«Après 528 secondes de vol, le vaisseau spatial Soyouz s'est correctement séparé du troisième étage du lanceur», a annoncé l'agence spatiale russe Roscosmos après le décollage du Soyouz des steppes kazakhes de Baïkonour.

Si le plan de vol est respecté, le Russe Sergueï Volkov, le Kazakh Aïydin Aïmbetov et le Danois Andreas Mogensen arriveront donc vendredi à 07H42 GMT sur l'ISS.

Ce dernier est devenu le premier Danois à partir dans l'espace, emportant avec lui 26 figurines Lego spécialement dessinées par le célèbre fabricant de jouets basé à Billund, au Danemark.

«Nous devons conquérir de nouvelles planètes, nous rêvons de cela. Je suis persuadé que nous pouvons y arriver», a affirmé cet astronaute de 38 ans lors d'une conférence de presse, la veille de son départ.

Des Legos au lait de jument

«Au total, 75 expériences scientifiques sont programmées et nous allons poursuivre des études déjà commencées», a précisé Sergueï Volkov, le commandant de ce vol et le seul ayant l'expérience des vols spatiaux.

L'équipage est complété par le Kazakh Aïdyn Aïmbetov, 43 ans, qui a remplacé au pied levé la chanteuse britannique Sarah Brightman.

Celle-ci aurait dû devenir la première touriste à aller dans l'espace depuis six ans, moyennant près de 50 millions d'euros, mais avait renoncé en mai, officiellement pour des «raisons familiales».

Aïdyn Aïmbetov a lui emporté du lait de jument et plusieurs objets traditionnels kazakhs pour ce voyage.

C'était le 500e lancement spatial depuis le pas de tir «Gagarine» du cosmodrome de Baïkonour, nommé ainsi en hommage au premier homme parti dans l'espace le 12 avril 1961.

L'équipage du vaisseau Soyouz rejoindra sur l'ISS les six astronautes déjà à bord de la station. Ce sera la première fois depuis 2013 que neuf personnes cohabiteront sur la Station spatiale internationale.

Les trois astronautes ne resteront que quelques jours sur l'ISS, leur retour étant prévu le 12 septembre en compagnie du vétéran russe Guennadi Padalka, déjà à bord et devenu en juin l'homme ayant passé le plus de temps dans l'espace.

À son retour sur Terre, celui-ci aura passé au total plus de 878 jours dans l'espace, soit deux ans et quatre mois en cinq vols spatiaux.

Sergueï Volkov rentrera pour sa part en mars 2016, en même temps que le cosmonaute russe Mikhaïl Kornienko et l'astronaute américain Scott Kelly. Tous deux seront alors restés 342 jours à bord de l'ISS, la plus longue période ininterrompue dans la station depuis que celle-ci est capable d'accueillir des passagers.

C'est le premier lancement d'un vaisseau Soyouz depuis le 23 juillet. Trois astronautes avaient rejoint alors l'ISS malgré la défaillance d'un capteur solaire du vaisseau, un vol qui avait été retardé de deux mois après la perte spectaculaire d'un vaisseau cargo Progress en avril.

Cet échec, et la perte quelques semaines plus tard d'une fusée Proton portant un satellite mexicain, avaient plongé le secteur spatial russe dans la crise, forçant Moscou à engager une importante réforme de l'industrie spatiale.

La Russie fournit à l'ISS son principal module, où se situent les moteurs-fusées, et les vaisseaux russes Soyouz sont le seul moyen d'acheminer et de rapatrier les équipages de la station orbitale, depuis l'arrêt des navettes spatiales américaines.