La perte de l'avion suborbital SpaceShipTwo de Virgin Galactic lors d'un vol d'essai l'an dernier a résulté du déclenchement prématuré du système de freinage pour le retour dans l'atmosphère par le copilote, a conclu mardi le Bureau national de la sécurité des transports (NTSB).

Le Bureau souligne aussi que la catastrophe aurait pu être évitée si la société Scaled Composites, qui a construit cet avion, avait mieux anticipé dans la conception la possibilité et les conséquences de cette erreur humaine et avait aussi davantage préparé l'équipage.

Le copilote a été tué et le pilote, blessé, a survécu en réussissant à déployer son parachute à 15 000 mètres. Les deux hommes étaient employés de Scaled Composites LC, une filiale du groupe américain Northrop Grumman.

Cet accident, qui s'est produit le 31 octobre 2014 au-dessus du désert de Mojave, a mis un coup d'arrêt aux activités de tourisme spatial du milliardaire britannique Richard Branson, propriétaire de la firme, et ce quelques mois avant de transporter les premiers clients à la frontière de l'espace à plus de 100 kilomètres d'altitude.

SpaceShipTwo, après avoir été largué depuis un quadriréacteur à double fuselage à 15 000 mètres, venait de mettre en route son moteur de fusée pour atteindre 109 km d'altitude.

Les enquêteurs du NTSB (National Transportation Safety Board) ont déterminé que le copilote avait actionné le système de freinage trop tôt à 0,8 fois la vitesse du son au lieu de 1.480 km/heure ou 1,4 fois cette vitesse, entraînant une «défaillance structurelle catastrophique» de l'appareil, confirmant ainsi leurs conclusions préliminaires.

Un des membres du NTSB, Robert Sunwalt, a également indiqué que «l'échec de la société Scale Composites à envisager la possibilité qu'une simple erreur humaine puisse provoquer le déploiement du système de freinage ainsi que le fait que le pilote n'était pas suffisamment informé du risque de le déployer plus tôt avaient aussi contribué à l'accident».

«Les vols habités commerciaux dans l'espace sont une nouvelle frontière qui comporte de nombreux risques et dangers inconnus», a relevé le président du NTSB, Christopher Hart.

«Dans un tel environnement, il faut établir des marges de sécurité rigoureuses autour des risques connus et partout où cela est possible», a-t-il poursuivi.

Le NTSB a fait des recommandations en ce sens à la Federal Aviation Administration (FAA), l'Agence américaine de l'aviation civile, ainsi qu'à la Commercial Spaceflight Federation.

Si ces recommandations sont suivies, elles établiront des directives pour prendre en compte les facteurs humains.

Elles renforceront également le processus d'évaluation de la FAA pour attribuer des licences d'exploitation à des exploitants de vaisseaux spatiaux et suborbitaux, selon le NTSB.

SpaceShipTwo pourra peut-être un jour emporter deux pilotes et jusqu'à six passagers pour un vol suborbital de trois heures qui offrira la possibilité de se retrouver momentanément en apesanteur et d'admirer l'obscurité de l'espace et la courbure terrestre.

Virgin Galactic avait obtenu en mai 2014 le feu vert de la FAA pour transporter des passagers depuis une base au Nouveau-Mexique, «Spaceport America».

Le prix du billet, 250 000 dollars, n'avait pas dissuadé plus de 600 candidats, dont des célébrités comme les acteurs Leonardo DiCaprio et Ashton Kutcher, de réserver leur place.

Virgin Galactic n'a pas jeté l'éponge après cet accident et travaille actuellement à la construction d'une nouvelle version de SpaceShipTwo. Des responsables de la société avaient indiqué en mai qu'ils espéraient reprendre les vols d'essai plus tard cette année.