Une émissaire américaine a tenu pour la première fois des discussions avec les rebelles chiites yéménites pour les convaincre de participer à une conférence de paix que l'ONU et le gouvernement en exil ont appelé de leurs voeux.

La haute diplomate américaine pour le Proche-Orient Anne Patterson a rencontré à Oman différentes parties impliquées dans le conflit au Yémen, «dont des représentants des Houthis», pour les convaincre de venir à la conférence pour la paix à Genève, a indiqué mardi le département d'État.

La rencontre avec les Houthis avait pour but de «renforcer notre idée que seule une solution politique au conflit au Yémen est possible et que toutes les parties, dont les Houthis», devrait y participer, a précisé une porte-parole du département d'État.

Anne Patterson s'est également rendue en Arabie saoudite où elle s'est entretenue du conflit avec des responsables saoudiens et le président yéménite en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a soutenu de son côté l'appel du secrétaire général Ban Ki-moon pour une nouvelle pause humanitaire, après les cinq jours observés au mois de mai qui avaient permis d'acheminer de l'aide aux civils.

Les 15 membres du Conseil se sont également dits, dans une déclaration commune, «profondément déçus» que les discussions prévues à Genève la semaine dernière aient été reportées, en raison de conditions préalables posées par des belligérants.

L'annonce d'une nouvelle date pour ces pourparlers, potentiellement autour du 10 juin, est imminente, a confié une source diplomatique à l'AFP.

Ces négociations inter-yéménites pourraient se tenir dans deux semaines environ à Genève, selon le gouvernement yéménite en exil.

«Il y a des efforts et des consultations pour tenir une réunion dans deux semaines à Genève entre l'autorité légitime et les rebelles (chiites) Houthis, sous l'égide des Nations unies», a indiqué le porte-parole du gouvernement en exil, Rajah Badi.

«Ces discussions doivent se fonder sur la mise en oeuvre de la résolution 2216» adoptée en avril par le Conseil de sécurité de l'ONU, a dit le porte-parole du gouvernement yéménite. «C'est ce sur quoi nous insistons».

Cette résolution avait imposé des sanctions aux Houthis et à leurs alliés et les avait sommés de se retirer des territoires conquis depuis l'année dernière, y compris de la capitale Sanaa.

«Il n'y a pas de discussions actuellement sur une trêve», a précisé M. Badi, alors que des frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie saoudite ont visé mardi des positions rebelles à Aden, Taëz et à Dhaleh (sud), selon des habitants.

Lors des discussions avec les Américains à Mascate, les rebelles Houthis ont notamment exigé l'arrêt des bombardements saoudiens et un acheminement sans entrave de l'aide humanitaire, alors que Ryad empêche des navires iraniens d'accéder directement au Yémen, a précisé un diplomate à l'AFP.

«Nous ne participons pas à ces discussions qui se déroulent exclusivement entre Américains et rebelles Houthis», a indiqué le porte-parole du gouvernement yéménite, en espérant que les Américains feraient «pression sur les Houthis pour qu'ils appliquent la résolution 2216».

Alors que ces contacts se poursuivaient, un Américain détenu par les Houthis pendant deux semaines, ainsi qu'un ressortissant de Singapour, ont été libérés et accueillis lundi à Oman, la seule des six monarchies du Golfe à ne pas participer à la coalition militaire sous commandement saoudien au Yémen.

Le conflit a fait près de 2000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU.