Un Américain parmi plusieurs détenus au Yémen, pays ravagé par la guerre, a été libéré et accueilli lundi dans le sultanat voisin d'Oman qui accueille des tractations entre Washington et rebelles yéménites.

Un diplomate à Oman a affirmé que les discussions entre les Américains et les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, visaient à favoriser des négociations pour mettre fin au conflit, que l'ONU peine à organiser.

Le département d'État a annoncé la libération de l'Américain, identifié comme Casey Coombs, en soulignant que son état était «stable». «L'ambassadeur américain (à Oman) l'a accueilli à l'aéroport», a-t-il dit en remerciant «le sultan Qabous d'Oman pour son aide».

L'agence officielle omanaise ONA a fait état de l'arrivée en soirée dans le sultanat d'un Américain et d'un Singapourien qui avaient disparu au Yémen.

Sur des photos diffusées par ONA, on voit un homme présenté par l'agence omanaise comme étant l'Américain, allongé sur une civière, sous un drap, la tête maintenue par un appareil orthopédique sur le tarmac de l'aéroport de Mascate.

Aucune information n'a été donnée sur la période de détention au Yémen de M. Coombs ni sur la partie qui le détenait.

«Discussions informelles» 

Dimanche, Washington a annoncé que «plusieurs» Américains étaient retenus au Yémen, des médias américains parlant de quatre Américains prisonniers des Houthis.

Selon le Washington Post, l'un d'eux avait été arrêté pour un visa périmé, puis accusé par les Houthis de voyager dans des zones «sensibles».

Une Française, Isabelle Prime, enlevée en février dans la capitale Sanaa, est toujours en captivité selon une courte vidéo diffusée en ligne.

Oman, la seule des six monarchies du Golfe à ne pas participer aux raids qu'une coalition arabe dirigée par Riyad mène depuis fin mars contre les Houthis au Yémen, entretient de bonnes relations avec l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, deux poids lourds rivaux de la région.

Endossant le rôle de médiateur, il a accueilli lundi des discussions entre Américains et des rebelles chiites. Des sources diplomatiques ont confirmé à l'AFP la tenue de «discussions informelles et discrètes», tractations que le gouvernement yéménite en exil du président Abd Rabbo Mansour Hadi avait évoquées dimanche.

L'adjointe de John Kerry pour le Proche-Orient, Anne Patterson, s'est bien rendue à Oman et en Arabie saoudite pour rencontrer «une variété d'interlocuteurs yéménites et régionaux», selon le département d'État qui a refusé de donner plus de précisions.

«Les Américains cherchent à rapprocher les vues entre les Houthis d'une part et les Saoudiens et le président Hadi de l'autre, avec l'espoir d'amener ces derniers à baisser le niveau de leurs revendications», a déclaré un diplomate à Mascate.

L'ONU a dû reporter une conférence de paix annoncée pour le 28 mai à Genève car M. Hadi exigeait comme préalable que les rebelles se retirent des vastes territoires conquis ces derniers mois, dont la capitale Sanaa.

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a eu des entretiens durant le week-end à Sanaa puis a été reçu lundi à Riyad par M. Hadi.

Navire humanitaire visé 

Les Houthis ont pris le pouvoir à Sanaa en janvier et ont ensuite progressé vers d'autres régions du Yémen jusqu'à atteindre Aden fin mars, quand la coalition arabe a entamé sa campagne de bombardements aériens.

Le conflit a fait près de 2000 morts et 8000 blessés, en majorité des civils, selon l'Organisation mondiale de la santé. Il a aussi forcé plus de 500 000 personnes à quitter leur foyer.

La coalition arabe a mené lundi de nouveaux raids contre des positions rebelles dans plusieurs provinces, et plus particulièrement dans la région de Sanaa.

Au moins huit civils ont été tués par des explosions consécutives à des frappes contre des dépôts d'armes autour de la capitale notamment à Jebel Noqom, selon une source médicale.

Dans la province d'Abyane (sud), au moins 20 rebelles ont été tués dans une embuscade tendue à un convoi de renforts se rendant à Aden, où les combats meurtriers entre rebelles et leurs adversaires se poursuivent, selon un responsable local.

Enfin, un navire humanitaire chargé de vivres a été visé dimanche par des tirs à son approche du port d'Aden, selon un responsable provincial. Le Programme alimentaire mondial a confirmé lundi que ce bateau avait été dérouté vers le port de Hodeida, plus au nord, après des informations sur des menaces sécuritaires.

Archives AFP

Isabelle Prime