Paris, Londres, Stockholm et Copenhague ont convoqué lundi les ambassadeurs israéliens pour protester contre le projet de nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sans confirmer envisager le rappel de leurs ambassadeurs en Israël, ce qui constituerait une première.

La Russie de son côté a jugé «illégaux» les nouveaux projets d'Israël, appelant l'État hébreu à «reconsidérer» sa décision qui a, selon Moscou, «une influence très négative sur les efforts pour relancer les pourparlers directs» sur le règlement du conflit israélo-palestinien.

En Europe, Yossi Gal et Daniel Taub, respectivement ambassadeurs israéliens en France et en Grande-Bretagne, ont été convoqués pour entendre «la désapprobation» de Paris et les «préoccupations» de Londres concernant l'extension de colonies juives. Stockholm a fait de même avec son ambassadeur israélien, a annoncé le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.

La convocation de l'ambassadeur d'Israël à Copenhague, au Danemark, a été confirmée à l'AFP par le ministère des Affaires étrangères, après avoir été annoncée par les médias danois.

Nouveau signe des divisions européennes, Berlin s'est seulement dit lundi «très inquiet» face au projet israélien, sans convoquer l'ambassadeur israélien. «Israël sape la confiance dans sa volonté de négociations», a affirmé le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.

Israël a annoncé vendredi son intention de construire 3000 logements supplémentaires à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, notamment dans la zone dite E1, particulièrement controversée.

Située entre Jérusalem et la colonie de Maalé Adoumim, où Israël s'était engagé auprès des États unis à ne pas bâtir, cette zone, si elle est construite, rattacherait Maalé Adounim aux quartiers de colonisation de Jérusalem-Est, coupant la Cisjordanie en deux et compromettant la viabilité d'un futur État palestinien.

«Obstacle à la solution à deux États»

Cette décision a suscité des critiques internationales, y compris de Washington, soutien sans faille d'Israël, qui a estimé qu'elle faisait «reculer la cause de la paix» avec les Palestiniens.

Israël a annoncé son projet de construction au lendemain du vote à l'Assemblée générale de l'ONU qui a accordé à la Palestine un statut d'État observateur non membre aux Nations unies, une résolution en faveur de laquelle se sont prononcées la France et la Suède, tandis que la Grande-Bretagne et l'Allemagne s'abstenaient.

Pour Londres, les nouvelles constructions annoncées «rendent potentiellement de plus en plus difficile à atteindre une solution basée sur deux États avec Jérusalem en capitale partagée».

La «convocation» de l'ambassadeur israélien visait à lui exprimer «la très vive préoccupation de la France», a dit pour sa part le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.

Dans un communiqué à Paris, l'ambassade israélienne, en évoquant «une rencontre» au Quai d'Orsay, a précisé que Yossi Gal avait expliqué «qu'il était impossible de s'attendre à ce qu'Israël reste les bras croisés après la démarche unilatérale palestinienne à l'ONU».

Paris et Londres n'ont pas confirmé envisager le rappel pour consultations de leurs ambassadeurs en Israël, ce qui constituerait un précédent dans les relations diplomatiques avec l'État hébreu, comme l'a affirmé le quotidien israélien de gauche Haaretz.

«Toute décision sur d'éventuelles autres mesures prises par le Royaume-Uni dépendra de l'issue des discussions en cours avec le gouvernement israélien et avec nos partenaires internationaux parmi lesquels les États-Unis et l'Union européenne», a indiqué le Foreign Office.