L'annonce de la construction d'un «camp humanitaire» à Calais (nord), où se massent des milliers de migrants dans des conditions misérables, a valu lundi au gouvernement socialiste français une nouvelle volée de critiques dans l'opposition de droite et à l'extrême droite.

Le premier ministre Manuel Valls a officialisé le projet, programmé pour le «début 2016», lors d'une visite sur place, accompagné du premier vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans.

Bruxelles octroiera à Paris une aide européenne de 5 millions d'euros pour financer ce camp, prévu pour accueillir 1500 personnes, a annoncé M. Timmermans.

Plutôt bien accueillie par les associations de défense des migrants, l'initiative a fait hurler en revanche Marine Le Pen, chef de file de l'extrême droite europhobe et anti-immigrés, qui a accusé le premier ministre de «sacrifier Calais aux dogmes de l'Union européenne».

«Manuel Valls a pris le parti de la submersion migratoire», a dénoncé la présidente du Front national, y voyant «un signal désastreux de laxisme envoyé aux clandestins».

Marine Le Pen est candidate dans le nord de la France à un important scrutin régional en décembre qui sera le dernier test électoral avant la présidentielle de 2017, pour laquelle tous les sondages depuis un an lui laissent espérer une qualification au second tour.

Dans l'opposition de droite, l'eurodéputée Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice de l'ex-président Nicolas Sarkozy, a accusé pour sa part M. Valls de se faire le «complice des passeurs» et de créer «un appel d'air à l'immigration».

La mairesse de Calais, membre du parti Les Républicains de M. Sarkozy, s'est toutefois dite «satisfaite sur le plan humanitaire», tout en réclamant par ailleurs une compensation économique pour sa ville.

Calais, d'où des milliers d'étrangers cherchent à gagner le Royaume-Uni, est un des points de fixation du plus gros mouvement migratoire connu par l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, qui suscite de vifs débats de société dans plusieurs pays de l'UE.

En 1999, un précédent centre d'accueil pour migrants, installé près de la ville et géré par la Croix Rouge, avait rapidement été en surcapacité, avec 2000 personnes hébergées pour 800 places. Il avait été fermé en 2002.