François Hollande s'est dit déterminé lundi soir à «agir jusqu'au bout» de son quinquennat, faisant fi de son impopularité, mais conditionnant de nouveau sa candidature en 2017 à ses résultats contre le chômage.

En France, «même un président impopulaire peut agir avec une grande capacité, une grande liberté ( ...) c'est ça qui fait la différence entre nos institutions et celles de nos pays voisins», a fait valoir le chef de l'État lors de son diner annuel avec la presse présidentielle, alors que sa cote de popularité stagne toujours en deçà de 30%.

«Un quinquennat se joue sur toute la durée. Nous sommes en juillet 2015, il faudra agir jusqu'au bout», a-t-il assuré, faisant assaut de volontarisme lors de ses échanges avec une centaine de journalistes sous les lambris de la Maison des Polytechniciens, juste derrière le Musée d'Orsay.

Alors que les agriculteurs ont fait entendre leur voix en élevant des barrages routiers, M. Hollande a relativisé l'ampleur des soubresauts sociaux, qui selon lui ne sont pas «des mouvements d'embrasement».

Se voulant serein, il a émaillé la soirée de pointes d'humour, en particulier sur ses vacances, s'étonnant qu'on ne lui demande pas où et avec qui il partirait...

«Pour le pays, il ne peut plus y avoir de vacances. Et puis j'ai donné Brégançon aux Français», a aussi plaisanté le chef de l'État, qui compte se reposer du 6 au 17 août tout en restant prêt à revenir «à tout moment».

Le président a aussi longuement disserté sur les qualités qui font, selon lui, «un bon président».

La référence à Pompidou

«C'est celui qui prend les décisions conformes aux intérêts de notre Nation (...) celui qui pense qu'il agit non pas pour une échéance non pas pour un camp, mais parce qu'il pense qu'il va être décisif pour son propre pays», a-t-il souligné, citant de façon plutôt inattendue Georges Pompidou et la priorité que le successeur du général de Gaulle avait donnée à «la politique industrielle».

Mais en ce qui le concerne, c'est l'inversion de la courbe du chômage qui déterminera sa candidature à un second mandat, comme il l'avait déjà redit le 14 juillet.

«C'est dans l'année 2016 que cette baisse crédible doit apparaître», a précisé le président. Il s'agit de «faire diminuer le chômage suffisamment longtemps pour que ce soit suffisamment crédible», a-t-il martelé, assumant le «risque» d'un échec.

«J'avais pris un engagement, cet engagement devra être tenu», a insisté le chef de l'État. «S'il n'y a pas de résultat, il ne peut pas y avoir de crédibilité sur une candidature».

Mais il a aussi évoqué la conjoncture et certains de ses prédécesseurs qui ont été «culbutés» par les crises économiques, citant aussi bien Valéry Giscard d'Estaing (chocs pétroliers de 1973 et 1979) que Nicolas Sarkozy (crise financière en 2008).

Revenant sur l'adjectif «audacieux» qu'il avait utilisé le 14 juillet pour qualifier son action, il a reconnu que cette qualité ne garantissait pas la réussite, car «si l'audace c'était la certitude, il n'y aurait plus d'audace».

À deux ans de la fin de son mandat, il a mis l'accent sur les grandes étapes qui ont marqué son action depuis 2012. «Sur le plan extérieur : l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Ukraine, la Grèce» et «sur le plan intérieur: le CICE, le pacte de responsabilité», tout comme ses décisions face au terrorisme.

François Hollande a en revanche éludé la question récurrente des primaires qui font débat à gauche, jugeant que cette procédure, par laquelle il avait été désigné en 2011, relève «des partis politiques». «Rien ne (les) empêche d'organiser des primaires. Ça ne me concerne pas... pour l'instant», a-t-il dit, alors que son adversaire de 2012, Nicolas Sarkozy, devra lui affronter cette compétition à droite.