Le gouvernement allemand a affirmé lundi vouloir accélérer les recherches des ayants droit sur le «trésor nazi» découvert en Allemagne, après l'appel lancé par le président du Congrès juif mondial pour la publication d'un inventaire des tableaux.

«Nous voulons avancer bien plus rapidement qu'avant dans les recherches sur l'origine» des tableaux - dont on ignore encore la provenance -, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, lors d'un point presse.

«Le gouvernement allemand comprend bien que des représentants d'organisations juives posent maintenant beaucoup de questions. Car ils représentent parfois des personnes très âgées, victimes d'injustice», a-t-il ajouté.

«C'est compréhensible qu'ils veuillent savoir», a-t-il continué, alors que le président du Congrès juif mondial a appelé Berlin, dans un entretien publié lundi, à publier un inventaire du «trésor nazi», pour faciliter la tâche d'éventuels ayants droit.

«Le gouvernement allemand doit rendre visible ces tableaux», a déclaré M. Lauder au quotidien allemand Die Welt, à propos des 1400 oeuvres, provenant en partie de purges nazies dans les musées ou de spoliations de juifs, découvertes en février 2012 dans un appartement munichois.

La police et les politiques doivent immédiatement faire un inventaire et publier l'ensemble sur internet, a-t-il lancé. Ainsi, chacun aura la possibilité de voir ce qu'il y a, a-t-il ajouté.

L'État fédéral allemand et la Bavière ont convenu de la création d'un groupe d'au moins six experts chargés de faire la lumière sur la provenance des oeuvres retrouvées, selon un communiqué commun publié lundi soir.

Selon le parquet, 970 des oeuvres retrouvées doivent être examinées par des experts, 380 sont considérées comme appartenant à l'«Art dégénéré», concept désignant tout ce qui n'était pas classique aux yeux du Troisième Reich.

L'Allemagne a également décidé de mettre sur internet dès ce lundi des photos de 25 oeuvres qui pourraient avoir été volées par les nazis à leurs propriétaires (www.lostart.de).

Un expert en art, spécialisé dans les questions de restitutions, avait réclamé jeudi que l'Allemagne publie une liste des oeuvres retrouvées.

«C'est la seule chance pour que, par exemple, les propriétaires de ce très beau tableau, un Matisse vraisemblablement, qui a été présenté mardi (lors d'une conférence de presse), se manifestent», avait assuré Peter Raue dans le journal Tagesspeigel. «Peut-être qu'une famille Winterstein dans l'Ohio va dire: ce tableau était accroché chez nous dans la Kopstockstrasse, à Berlin», a-t-il poursuivi.

De son côté, M. Lauder dit vouloir attendre de voir ce que comptent faire les politiques. «S'il ne se passe rien, nous ferons monter la pression», a-t-il prévenu, estimant que les biens volés «doivent retourner aux ayants droit».

«On a gaspillé un temps précieux», a-t-il critiqué, soulignant que les possibles ayants droit ou les éventuels témoins avancent en âge chaque jour.

De son côté, M. Seibert a précisé qu'avait eu lieu vendredi dernier une rencontre entre les autorités allemandes compétentes dans ce dossier. Selon lui, Berlin compte divulguer dans le courant de la semaine des détails supplémentaires sur la façon dont il compte procéder pour faire avancer la transmission de l'information aux personnes éventuellement concernées.

Plus de 1400 dessins, gravures et peintures dont des Picasso, Matisse ou Renoir, ont été retrouvés en février 2012 parmi des ordures dans l'appartement munichois d'un octogénaire, fils de Hildebrand Gurlitt, grand galeriste au passé trouble sous le régime nazi qui s'était constitué une collection dans les années 1930 et 1940.