Boy Scouts of America vient d'abandonner sa politique discriminatoire interdisant l'embauche de chefs scouts ouvertement homosexuels. Une victoire en demi-teinte motivée tant par les changements dans les mentalités... que par la peur des recours en justice. Quatre mots pour comprendre.

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Lundi, après 37 ans de discrimination, Boy Scouts of America (BSA) a mis fin à sa politique d'empêcher les homosexuels de travailler comme chefs scouts pour l'organisation. «Depuis trop longtemps, cet enjeu a accaparé notre attention et nous a divisés, a déclaré Robert Gates, président de BSA et ancien secrétaire à la Défense sous Bush et Obama. Le temps est venu de nous unir pour faire valoir le pouvoir extraordinaire du scoutisme et de montrer qu'il peut être une force pour le bien.» Au Canada, contrairement aux États-Unis, l'organisation scoute n'interdisait pas aux homosexuels d'accéder au poste de chef.

Progrès

Zach Wahls, directeur général de Scouts for Equality, groupe qui milite pour une acceptation accrue des homosexuels chez les scouts aux États-Unis, préfère quant à lui parler de «progrès» plutôt que d'une «victoire». La raison: les scouts n'obligent pas les troupes à autoriser l'embauche des personnes homosexuelles. Ils laissent cette décision entre les mains des leaders religieux, qui parrainent la plupart des troupes scoutes. «Les Églises vont réagir différemment à cette nouvelle politique, explique M. Wahls en entrevue avec La Presse. Mais on assiste indéniablement à une ouverture des mentalités sur la question, comme on le voit ailleurs dans la société américaine depuis quelques années.» Environ 70% des plus de 100 000 troupes scoutes aux États-Unis sont affiliées à des organisations religieuses.

Légal

Dans une récente entrevue avec Katie Couric, le président de Boy Scouts of America Robert Gates a dit que la motivation pour le changement de politique était surtout de nature légale. «Actuellement, plus de deux douzaines d'États et plus de 140 villes ont des lois qui interdisent la discrimination dans l'emploi en raison de l'orientation sexuelle. Au moins deux États étaient sur le point de nous poursuivre sur la question de l'embauche. D'après nos recherches, nos chances de gagner cette bataille juridique étaient mauvaises. Les leaders religieux pourront continuer à exprimer leurs opinions, mais ils sont dans une position beaucoup plus forte pour ce qui est de défendre ce choix, car ils peuvent invoquer le 1er amendement de la Constitution.»

Mormons

De toutes les Églises affiliées aux scouts aux États-Unis, l'Église mormone est la plus importante. «Les leaders mormons ont dit qu'ils songeaient à quitter les scouts à cause de cette nouvelle politique, dit Zach Wahls. La deuxième Église en importance est l'Église méthodiste unie, qui est plutôt favorable aux droits des homosexuels. La troisième est l'Église catholique, qui, malgré la ligne officielle, tend à accepter de mieux en mieux les gais et les lesbiennes.» Malgré tout, l'image «antihomosexuel» des scouts ne va pas disparaître du jour au lendemain, dit M. Wahls. «Cela va prendre du temps pour changer les effets d'une interdiction qui dure depuis des décennies.» On compte plus de 2,5 millions de membres et 960 000 bénévoles dans les troupes scoutes aux États-Unis.

PHOTO MARK ZALESKI, ARCHIVES AP

Robert Gates