Des alliés démocrates de Barack Obama ont averti mardi qu'ils demanderaient au président américain d'exercer son autorité pour mettre fin à l'alimentation forcée de 45 grévistes de la faim à la prison de Guantanamo, une situation qualifiée de «cruelle» par une influente élue.

«Les détenus sont attachés sur une chaise par leurs corps, leurs pieds, leurs mains, et deux fois par jour un tube, peut-être recouvert d'huile d'olive, est inséré dans leur nez jusqu'à l'estomac, et on force l'individu à s'alimenter. Et cela dure depuis des semaines et des mois», a déploré Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat, qui a visité la base militaire de Guantanamo, à Cuba, le 7 juin avec le secrétaire général de la Maison-Blanche.

Barack Obama est favorable à la fermeture de la prison, qui compte 166 détenus, mais une loi votée par le Congrès interdit le transfèrement des détenus sur le territoire américain.

Le renvoi dans leurs pays d'origine des 86 détenus libérables ne peut en outre intervenir que si ces pays remplissent une série de conditions jugées inatteignables pour des pays instables comme le Yémen : par exemple la capacité à empêcher que l'individu libéré ne commette à l'avenir des «activités terroristes». Des exceptions sont possibles, mais n'ont pas été utilisées par l'administration.

«Ces 86 personnes ne représentent pas de menace pour le pays, leur transfèrement a été autorisé, et on les nourrit de force pour les maintenir en vie. Selon moi, c'est cruel», a dit Dianne Feinstein mardi lors d'une audition.

Un groupe de sénateurs s'apprêtait à écrire à Barack Obama, après le rejet par la justice lundi de la demande du Syrien Abu Wa'el Dhiab, qui souhaitait que l'alimentation forcée cesse en journée pour respecter le jeûne du ramadan.

La juge Gladys Kessler a expliqué que les lois adoptées par le Congrès l'empêchaient d'intervenir, mais «qu'il restait une personne ayant bel et bien l'autorité pour faire face à ce problème», c'est-à-dire le président.

Sur 106 grévistes de la faim, 45 étaient alimentés de force, selon le dernier chiffre fourni vendredi par les responsables de Guantanamo. Trois des grévistes étaient hospitalisés.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a justifié mardi l'alimentation forcée en affirmant que, «comme l'a dit le président en avril, nous ne voulons pas que ces individus meurent».