Des élus ont réclamé lundi l'extradition d'Edward Snowden, réfugié à Hong Kong d'où il a révélé être la source de fuites sur le programme américain de surveillance électronique pour «informer les gens de ce qui est fait en leur nom et (...) contre eux».

Le sort du jeune consultant de 29 ans, qui a livré à la presse des pans entiers du système étendu de surveillance par l'Agence nationale de sécurité (NSA), restait toutefois incertain.

Il fait l'objet d'une enquête par le ministère américain de la Justice, mais une éventuelle extradition, si elle demandée par Washington, pourrait se heurter à un véto de Pékin.

Le New York Times avançait lundi que Snowden avait quitté son hôtel de Hong Kong, sans savoir s'il se trouvait toujours dans le territoire autonome chinois.

L'accord d'extradition entre Washington et Hong Kong, entré en vigueur en 1998, «est encore en vigueur et nous l'avons utilisé activement au fil des ans», s'est contentée de rappeler la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki.

Le représentant républicain Pete King a suggéré sur CNN de «commencer les procédures d'extradition (avec Hong Kong) dès que possible», craignant que la Chine le garde «et obtienne des informations sur ce qu'il sait de nos (programmes) dans le monde entier».

«Je le considère comme un transfuge», a-t-il estimé, rappelant que révéler des informations classifiées pouvait coûter 15 à 20 ans de prison.

A Hong Kong, la députée pro-Pékin Regina Ip, ancienne secrétaire à la Sécurité du gouvernement, a jugé que la ville serait «obligée d'honorer les accords» passés avec Washington, et a enjoint Snowden à partir de son propre chef.

Snowden est sorti de l'ombre dimanche dans un entretien et une vidéo publiés par le quotidien britannique The Guardian. «Mon unique objectif est d'informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux», a-t-il expliqué.  Ces systèmes de surveillance représentent «une telle menace pour la démocratie, que j'ai risqué ma vie et ma famille», a-t-il dit aussi au Washington Post.

«États Stasi d'Amérique»

Cet ancien agent de la CIA, qui a travaillé pour des sous-traitants de la NSA, s'est réfugié à Hong Kong le 20 mai après avoir copié --au bureau de la NSA à Hawaii-- les derniers documents qu'il voulait divulguer, selon le Guardian.

Le jeune homme a déclaré qu'il envisageait de demander l'asile politique en Islande, pays le plus proche de ses opinions quant à la liberté d'expression sur Internet.

Mais l'Islande a indiqué lundi n'avoir reçu aucune demande de Snowden et a rappelé que toute personne qui souhaitait obtenir l'asile politique devait d'abord venir sur son territoire.

En France, la présidente du Front national Marine Le Pen a demandé que Paris lui accorde l'asile politique. «Edward Snowden doit être mis en sécurité au plus vite» car il «a eu le courage et l'immense mérite de révéler à l'humanité une menace très grave contre la démocratie et nos libertés publiques», a-t-elle estimé.

Une pétition, publiée sur le site de la Maison-Blanche pour réclamer son «pardon», avait été signée lundi après-midi par plus de 25 000 personnes.

La grande association de défense des libertés individuelles (Aclu) a demandé aux tribunaux secrets (Fisa), qui ont notamment ordonné à l'opérateur Verizon de livrer ses données téléphoniques, d'en dire plus sur l'étendue de leurs pouvoirs.

La sortie de l'ombre de Snowden a également été saluée par Daniel Ellsberg, ancien analyste militaire à l'origine de la fuite des «Pentagon Papers» sur la guerre du Vietnam. Snowden «nous sauve des "États Stasi d'Amérique"», a-t-il lancé dans le Guardian.

Quelques éléments nouveaux sur la vie du jeune homme sont apparus lundi.

Edward Snowden semble avoir modestement contribué en 2012 à la campagne présidentielle de Ron Paul, un ultra-libéral farouche défenseur des libertés individuelles et de l'économie de marché.

La «source» sur la NSA a aussi essayé, en vain, d'intégrer les forces spéciales de l'armée américaine, a indiqué au Guardian un porte-parole de l'armée, George Wright.

Le Guardian et le Washington Post ont révélé la semaine dernière deux programmes secrets de la NSA basés sur la collecte de données téléphoniques et internet. Le président américain Barack Obama les a défendus au nom de la sécurité des Américains.

Les fuites américaines ont commencé à déborder des frontières. Au Royaume-uni, le Guardian a affirmé que les espions britanniques avaient accès au programme américain. Au Canada, le Globe and Mail a révélé que le gouvernement pilotait une surveillance similaire.