Barack Obama pourrait nommer un nouveau responsable en charge de la prison de Guantanamo, qui travaillerait sur le transfèrement de ses détenus vers d'autres établissements, selon la Maison-Blanche mercredi.

Celle-ci a souligné que le président américain envisageait cette mesure comme un nouveau geste en vue de fermer la prison controversée, où une centaine de détenus sur 166 sont actuellement en grève de la faim, selon le dernier bilan des autorités militaires. Parmi eux, 23 sont désormais nourris de force par des tubes reliant l'estomac par la cloison nasale.

M. Obama a de nouveau promis mardi qu'il voulait fermer cet établissement.

Cependant, son administration a noté qu'elle ne pourrait pas fermer la prison si le Congrès continuait à lui mettre des bâtons dans les roues.

«Il y a pas mal de choses qu'on peut faire», a expliqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. «Une des options que nous examinons est de renommer un responsable du département d'État pour essayer une nouvelle fois de rapatrier ou de transférer les détenus, chaque fois que nous aurons estimé qu'il est possible de les renvoyer dans leur pays ou dans un pays tiers».

Daniel Fried, qui était l'envoyé spécial du département d'État pour la fermeture de Guantanamo, a été nommé sur un autre poste fin janvier et n'a pas été remplacé depuis.

À son arrivée au pouvoir en 2009, Barack Obama avait affirmé vouloir fermer la prison de Guantanamo dans l'année suivante. L'échec de ce projet demeure une tâche gênante dans le bilan de son premier mandat.

L'existence de la prison de Guantanamo, qui a accueilli ses premiers détenus en 2002 dans le cadre de la guerre contre le terrorisme décrétée par le président américain de l'époque, le républicain George W. Bush, affecte l'image des États-Unis à l'étranger, «entrave la coopération antiterroriste avec nos alliés» et constitue un «outil de recrutement pour les extrémistes», a estimé mardi le président.

Pour ses adversaires républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, Guantanamo doit rester ouverte, car les détenus sont trop dangereux pour être rapatriés sur le continent américain, et les détenus doivent uniquement comparaître devant des tribunaux militaires, selon eux.

Le mouvement de grève a été déclenché le 6 février quand des corans avaient été examinés d'une manière que les prisonniers ont jugée blasphématoire. Mais la plupart des protestataires dénoncent maintenant plus largement leur détention illimitée depuis 11 ans, sans inculpation ni procès.

Parmi les détenus, 86 ont reçu le feu vert des autorités militaires pour leur transfèrement, mais un moratoire a été imposé par M. Obama sur les 56 d'entre eux qui sont yéménites, après une tentative d'attaque contre un avion de ligne à Détroit (Michigan, nord) en décembre 2009 qui avait été liée à une branche d'Al-Qaïda au Yémen.